La cour des miracles, quand Michel Onfray égratigne les politiques

Le pamphlet politique est un genre littéraire bien ancré dans l’histoire des lettres. Et, de Victor Hugo à Léon Daudet, quelques grands maitres lui ont donné des pages illustres. Michel Onfray renoue avec le genre, poussant jusqu’à la cruauté l’imitation de ses grands anciens. Le philosophe a, en effet, profité de la dernière campagne présidentielle en France pour écrire des chroniques qui sont autant de portraits au vitriol des différents acteurs de la vie politique du moment. Il a intitulé ses carnets de campagne La Cour des miracles, ce qui donne déjà le ton, autant pour la forme que pour le fond. 

Il y en aura pour tout le monde

Autant le dire tout de suite, Onfray n’épargne personne, mais ceux qu’il a particulièrement dans le collimateur sont ceux qu’il appelle « Jean-Luc Le Pen et Marine Mélenchon », histoire de mettre dans le même sac ses têtes de turcs préférées. Mais tout le monde y passe, de Mitterrand à Fillon, et au parti communiste « petite boutique à frites postmarxiste ». 

Son fiel s’exerce aussi sur quelques sous-fifres encartés, type Duflot, Peillon, Joffrin, Borgel ou Hamon. Mais avec une préférence tout de même pour les têtes de liste, Sarkozy, Hollande, Valls, Bayrou. Et son chouchou reste Macron, « une grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ». Bref, il étrille, il assaisonne, il éructe, trahi par la gauche, déçu par la droite, même par Juppé, qui « n’a pas appris grand chose depuis sa sortie de l’ENA ». 

Ainsi de ses 80 chroniques au jour le jour, qui vont de juillet 2016 avec Montebourg, jusqu’à l’élection de mai 2017, où « les loups sont entrés dans Paris ». Ambiance… Plusieurs de ces articles, dans l’ensemble assez courts, se répètent un peu, mais c’est pour marteler encore et toujours son indignation. C’est un jeu de massacre souvent drôle, dont personne ne réchappe, pas plus la « fachosphère de gauche », que les petites marquis du cirque médiatico-germanopratin, où la droite dont il assassine à plaisir les débats télévisés de la primaire. 

La Cour des miracles témoigne d’une plume alerte, et d’une âme rebelle, ainsi que d’un réel plaisir d’agonir, dont le lecteur se réjouit.

Didier Ters

Michel Onfray, La Cour des miracles, J’ai lu, 349 pages, avril 2019, 7,60 eur

PS. : Mais La Cour des miracles ne représente qu’une facette du personnage. Il ne fera pas oublier celui qu’il écrivit plus secrètement, il y a vingt ans, Les Formes du temps, l’un des plus beaux ouvrages sur le vin de Sauternes, réflexion puissante et subtile sur un vin unique, tout chargé à ses yeux d’autant de complexité que de philosophie. Ce petit bouquin doit être introuvable aujourd’hui, sauf peut-être chez son éditeur Mollat à Bordeaux. 

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