« Mission : Impossible – Fallout »

Oyez, oyez, braves gens ! Tom Cruise revient faire un tour de piste, dans son nouveau spectacle intitulé Mission : Impossible – Fallout. C’est la suite directe de Mission : impossible – Rogue Nation, sorti en 2015, toujours avec l’excellent scénariste-réalisateur Christopher McQuarrie en maître de cérémonie. 

L’histoire, rocambolesque à souhait, étant à peu près incompréhensible, je conseillerais au spectateur de se laisser simplement porter par la grandeur du spectacle. Ce spectacle, c’est celui d’un acteur, Tom Cruise, qui nie de toutes les forces de son corps la disparition de son corps de métier, celui de star de cinéma en chair et en os, face à la mainmise écrasante de super-héros en images de synthèse, cassant des immeubles en images de synthèse. En cela, et même s’il est moins subtil que le précédent épisode, Mission : Impossible – Fallout dégage, par cette « matérialité », un parfum agréable de spectacle à l’ancienne et un respect véritable envers le public, ce qui est tout à son honneur. 

 

 

Ne saisissant pas tous les tenants et les aboutissants d’une intrigue ô combien nébuleuse (j’ai cru comprendre que le méchant, détestant ce monde qui court, dit-il, à son autodestruction, voulait… détruire ce monde), j’ai pu à loisir me concentrer sur l’essentiel, le phénomène cinématographique, en l’occurrence le mouvement fascinant, car perpétuel et quasi géométrique, d’une silhouette, celle de la star cascadeuse Tom Cruise, aux quatre coins de l’écran large.

Et là, l’évidence m’a frappé : même s’il travaille souvent avec des harnais effacés ensuite par trucage numérique (1), Tom Cruise dans les Mission : Impossible, ce n’est, ni plus ni moins, que le Buster Keaton des temps modernes, c’est-à-dire un boy-scout casse-cou et élastique, impassible en toute circonstance (impassibilité accentuée par l’affaissement de son visage, dû à l’âge), qui traverse les espaces en tous sens, sur tout type de véhicule moderne, cherchant à éviter deux catastrophes en même temps : l’écroulement (littéral) de son univers et la perte de sa bien-aimée.

 

 

Haute voltige

A la fois Monsieur Loyal et trapéziste vedette, on entendrait presque, à chaque numéro… pardon à chaque séquence, le roulement du tambour ! Car le MacGuffin quelque peu confus du film ne fait que mettre en évidence la simple et belle vérité : indépendante de la précédente et de la suivante, chaque scène est un spectacle en soi, une ode géniale aux cascadeurs.

Que, cent ans après le burlesque, le public en soit encore à désirer ce type d’exploits physiques gratuits, voilà qui est à la fois étonnant et charmant. Etonnant que nous soyons toujours aussi peu exigeants en matière de scénario (Fallout « emprunte » beaucoup à certains James Bond et nous ressort tout de même, au final, un bon vieux compte à rebours sur fond de… cliffhanger) ; charmant que nous nous attachions toujours autant à voir magnifier, au centre de la piste, la souplesse et la virtuosité du corps humain.

 

Claude Monnier

(1) Ce que la promotion du film cherche malicieusement à cacher, pour entretenir le mythe Tom Cruise, semblant imiter cette célèbre publicité pour une colle instantanée, dans les années soixante-dix, où l’on voyait un homme fixé au plafond par les pieds : « réalisé sans trucage » ! 

 

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