Pour rendre la vie plus légère de Mona Ozouf, les livres, les femmes, les manières

L’historienne qui aime les écrivains

Qui ne connaît pas Mona Ozouf, historienne de la Révolution française qui, en compagnie de François Furet, contribua à faire l’historiographie de cet évènement sans pareil ? On lui doit des ouvrages comme La Fête révolutionnaire (Gallimard, 1976), L’homme régénéré (Gallimard, 1989), La Gironde et les girondins (Payot, 1991) et encore Varennes, la mort de la royauté (Gallimard, 2006). Mona Ozouf est aussi une grande amatrice de littérature, régulièrement invitée dans l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut. Ce recueil rassemble ses interventions lors d’émissions où elle a parlé de ses livres et de ses auteurs de chevet face à des gens comme Pierre Manent, Claude Habib, Diane de Margerie ou encore Patrice Gueniffey (auteur d’un magnifique Bonaparte). Le sous-titre de l’ouvrage – les livres, les femmes, les manières – indique aussi la direction que prendra l’ouvrage, loin de notre époque.

La littérature et la vie

Mona Ozouf se révèle ici pour le néophyte sous un jour presque intime. Elle y révèle un goût pour des auteurs comme Flaubert, George Eliot (à qui elle a consacré un livre, L’Autre George, à la rencontre de George Eliot) et Henry James. Pour ce dernier, ses dialogues avec Alain Finkielkraut, animateur brillant de l’émission Répliques, se révèlent tellement passionnant qu’ils donnent envie de relire Washington Square, Les Bostoniennes ou encore (et surtout) Portrait de femme. Mona Ozouf s’avère dans ses opinions une femme libre, en dehors des préjugés de notre époque et complètement étrangère, elle la féministe, aux délires de la culture « Woke ». On y trouve aussi finalement un éloge du roman, loin de l’autofiction (encore la mode du XXIe siècle), qui fournit des occasions d’évasion d’une réalité parfois complexe : Mona Ozouf, jeune militante communiste, trouva dans Henry James des échappatoires à l’idéologie. C’est finalement une des meilleures preuves de l’utilité de la littérature.

Alors lisez Pour rendre la vie plus légère de Mona Ozouf puis (re)découvrez Flaubert et Henry James.  

Sylvain Bonnet

Mona Ozouf, Pour rendre la vie plus légère, Flammarion « champs », mars 2021, 288 pages, 9 eur

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