Mort aux cons, tout un programme criminel et philosophique

Définir le con et la connerie est sans doute la plus grande question philosophique qui soit. C’est la quête du polar très cynique de Carl Aderhold, Mort aux cons. Porté par le vétéran Corbeyran au scénario et le jeune Alexis Saint-Gorges, jeune talent Angoulême 2018, l’adaptation BD qui paraît chez Jungle est un petit délice d’humour noir et de cynisme, mais aussi une leçon de philosophie. Tout un programme !

un projet de vie

Ben est un procrastinateur désinvolte. Un glandeur émérite qui commence à vraiment lasser Christine. Elle voudrait une vie normale, avec des enfants et des vacances. Lui, ne veut à peu près rien. Quand il tue le chat d’une voisine, il se rend compte que tout le monde va faire corps autour d’elle, et que les habitants de l’immeuble vont alors former une petite communauté soudée. Et si c’était cela, sa mission dans la vie : réunion les gens en supprimant ce qui les tient loin des autres ?

Après les animaux, les nuisibles que sont les petits chefs ou les responsables de ses dossiers qui n’avancent pas, au Assedic ou autres organismes qui donnent à des sous-fifres la possibilité de vous d’exercer un pouvoir sur vous. Voire une nuisance. Alors c’est ça, sa mission : libérer le monde des cons. Mais est-ce que sa définition est assez juste ?

Au film de l’histoire, Ben va ajuster sa recherche et poursuivre son œuvre.

un tueur en série philosophe

Qu’on ne s’y trompe pas, Mort aux cons est d’abord une enquête philosophique teintée d’humour très très noir et qui pose sa narration sur le schéma d’un roman policier. Car le lecteur ne suit pas uniquement les progrès dans la pensée exterminatrice de Ben, mais aussi les mailles du filet policier qui se resserrent mine de rien autour de lui. Et ce qui est vraiment très retors, c’est que l’on suit ses meurtres, un très grand nombre, mais qu’on reste attaché à ce personnage foutraque.

Si l’on reconnaît le talent de Corbeyran pour mettre l’histoire dans des cases, la condenser et en garder également la veine, le travail d’Alexis Saint-Georges est également remarquable. Il laisse libre court à sa fantaisie sur les mimiques et les caricatures des personnages tout en les posant dans de très beaux décors, pour former un contraste pour le moins riche.

Loïc DI Stefano

Eric Corbeyran (scénario), Alexis Saint-Georges (dessin), Mort aux cons, d’après le roman de Carl Aderhold, Jungle, janvier 2022, 136 pages, 18,95 eur

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