Le D-Day de Churchill : le grand anglais

Dans l’histoire de la seconde guerre mondiale, on a souvent peint Winston Churchill comme l’apôtre des stratégies périphériques qui amenèrent les Alliés à débarquer en Afrique du Nord en 1942, puis en Sicile et en Italie en 1943, freinant au maximum le débarquement décisif, préparé par les américains (et longtemps réclamé par Staline), en France. Ce livre des historiens anglais Richard Dannatt et Allen Packwood nuance largement ce jugement.

Un Churchill marqué par l’histoire

Winston Churchill a fut marqué par l’échec du débarquement des Dardanelles en 1915 dont il dut endosser l’entière responsabilité. Il fut également marqué par l’effondrement de la France en 1940 alors qu’il comptait sur l’armée française…  Si la Grande-Bretagne évita le désastre, ses armées furent battues systématiquement par la Wehrmacht jusqu’à la victoire d’El Alamein. Disons donc que Churchill, pour affronter l’armée allemande, préféra longtemps aguerrir les troupes alliées, les préparer. Mais il ne renonça jamais à la libération de la France, pays qu’il affectionnait. Le livre retrace d’ailleurs ses efforts pour limiter au maximum l’impact des bombardements sur les populations civiles. Dès que la décision est prise, Churchill s’investit complètement, s’intéressant au moindre détail… Pour le plus grand agacement des généraux qui ne veulent pas l’avoir dans leurs pattes.

Un assaut réfléchi, décisif… et une algarade mémorable

Churchill redoutait un échec du débarquement. Non seulement, il veut abattre le IIIe Reich mais il pense à la suite : le risque de bolchevisation de l’Europe en cas de triomphe à l’est de l’armée rouge qui se prépare à lancer l’opération « Bagration ». Il fut rassuré assez rapidement : les alliés réussirent à prendre pied sur les plages, malgré les pertes. Churchill, très angoissé, dut affronter un général de Gaulle sourcilleux, soucieux du rang de la France, vexé au fond d’avoir été tenu à l’écart et opposé à la circulation d’une monnaie alliée sans compter le spectre de l’AMGOT. Alors qu’on l’invite à parler à la radio, il se dispute avec Churchill avec violence. Ce dernier veut le renvoyer à Alger… de Gaulle parlera tout de même à la radio, tenant le discours qu’il voulait (grâce à Anthony Eden). Churchill maugrée… Et laisse faire. Il ne veut qu’une chose, remettre les pied en France. Chose faite le 12 juin.

Churchill était un grand homme.

Sylvain Bonnet

Richard Dannatt & Allen Packwood, Le D-Day de Churchill, traduit de l’anglais par Johan Frederik Hel Guedj, Tallandier, mai 2024, pages, 23,90 euros

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