La plèbe, une histoire populaire de Rome

Les inconnus de l’histoire romaine

Ah la plèbe de Rome, à qui les empereurs promettaient du pain et des jeux…. Cette image d’Epinal a été battue en brèche et étudiée à fond par nombre d’historiens, dont Paul Veyne dans Le Pain et le cirque. Nicolas Tran, ancien membre de l’Ecole française de Rome et professeur d’histoire romaine à l’université de Poitiers, publie chez Passés composés La Plèbe, une histoire populaire de Rome avec une idée simple : donner la parole aux intéressés.

Un groupe difficile à définir

La plèbe, c’est, si on reprend le fil de l’histoire romaine, tous ceux qui n’appartenaient pas au patriciat, l’aristocratie originelle de Rome, et qui se retira du jeu politique… pour peu de temps. La plèbe, ce sont des citoyens romains, répartis en tribus et qui votent au sein par tribus (même si le système est tout sauf démocratique). La plèbe c’est aussi à partir du IIe siècle avant notre ère, une masse d’anciens paysans qui affluent vers Rome. Certains deviennent artisans, boutiquiers, travailleurs manuels, d’autres sont d’origine servile voire récemment affranchis. Beaucoup dépendent d’un patron, membre de l’ordre équestre ou du sénat, pour simplement pouvoir se nourrir. Et beaucoup bénéficient ensuite à l’époque impériale de l’annone, c’est-à-dire du blé donné par l’Etat. La plèbe, c’est donc beaucoup de réalités différentes (selon les époques) et aussi des groupes différents (il y a aussi des sénateurs plébéiens, c’est-à-dire qui ne sont pas patriciens, de plus en plus nombreux). Et quel rôle joue donc la plèbe ?

Une majorité entre bruit et silence

De fait, la plèbe de Rome joue un rôle politique. Déjà, elle fait peur. C’est d’ailleurs un lieu commun des sources littéraires parvenues jusqu’à nous que d’exprimer cette peur des élites, teintée de mépris, à l’exception toutefois du poète Martial qui leur donne la parole. La plèbe a des émotions qui se transforment parfois en émeutes. Souvent parce que les ventres crient famine, parfois aussi en exprimant des demandes politiques. L’archéologie a donné beaucoup de traces de ces existences passées sous silence, à travers des inscriptions, des stèles, des graffitis. On comprend avec cet ouvrage que la plèbe obséda Rome qui construisit un empire en méditerranée avec son aide : les légionnaires ne furent-ils pas longtemps d’origine plébéienne ?

La Plèbe est une véritable introduction à l’histoire de Rome et on ne que vous en conseiller la lecture.

Sylvain Bonnet

Nicolas Tran, La Plèbe, Passés composés, septembre 2023, 288 pages, 23 euros

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