Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin

Les œuvres d’Emilie Plateau sont avant tout personnelles, revendicatrices ou en tout cas son envie est forte de témoigner pour les autres et pour les femmes en particulier. Avec Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin, adapté du roman de Tania de Montaigne, elle raconte l’histoire de la première qui s’est opposée aux lois ségrégationnistes par un geste simple et fort.

Etre la première présume l’incompréhension ou l’ignorance

Claudette Colvin, jeune lycéenne de 15 ans dans les années 50 aux Etats-Unis, refuse l’adversité. Elle ne se laissera imposer sa vie. Elle commencera par refuser de laisser son siège à un blanc dans son bus, acte répréhensible à l’époque des lois ségrégationnistes, ce qui la conduira en prison et au tribunal pour être jugé pour cet agissement si intolérable !

S’en suit un long processus citoyen de protestation, avec l’apparition du jeune pasteur Martin Luther King, dont elle restera finalement écartée par les siens.

« Dans le bus, les 10 premières places à l’avant sont pour les blancs »

Nous voici embarqués dans les années sombres qu’ont connus les Etats-Unis d’Amériques qui considéraient le peuple noir comme subalterne, méprisable et réduit à l’état d’esclave.

L’état d’Alabama, ville de Montgomery, les années 50 comme scène de drame. Etat du sud glissé entre la Géorgie et le Mississippi, autres provinces où les « noirs » sont des sous hommes bien inutiles.

Après l’affront fait aux « blancs » par cette jeune Claudette va s’en suivre un premier élan de générosité pour financer son procès.

Une deuxième femme, Rosa Parks, copiera son méfait quelques mois plus tard avec davantage de retentissement, ce qui écarta la première instigatrice. C’est à ce moment-là que le jeune révérend Martin Luther King prendra à cœur la défense du peuple noir avec le succès que nous connaissons malgré son assassinat.

Ce que l’on découvre au travers de cette histoire est l’inquiétude des hommes « noirs » qui cherchent par tous les moyens à reprendre la main sur les évènements provoquées par les femmes.

Ouvrage singulier et très attachant

Nous retrouvons ici le trait d’Emilie Plateau, tout en délicatesse et simplicité non dénué de puissance. Un dessin qui parait enfantin et quelque peu statique, pour rendre moins dramatique cette époque révolue.

Unité en bichromie de noir et d’orange qui rend lumineux et très graphique chaque page.

Nous prenons bien conscience de la dureté de l’époque et des risques encourus par ces premières femmes qui ont pris l’ascendance sur les hommes malgré elles.

Xavier de la Verrie

Emilie Plateau (récit &dessin), d’après le livre de Tania de Montaigne (Grasset, 2015), Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin, Dargaud, janvier 2019, 136 pages, 18 eur


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