On n’enterre jamais Nicolas Duplessier !
Nicolas Duplessier a perdu un peu de son temps en ma compagnie à l’occasion de son deuxième roman, On n’enterre jamais le passé. Pas de faux-semblant, Nico et moi nous connaissons par l’intermédiaire d’une amie commune (qui se reconnaîtra), donc le tutoiement s’est naturellement imposé. D’autant qu’il colle parfaitement au ton du roman lui-même. Pas de hiatus entre l’homme et l’œuvre, c’est toujours à fond et sur un rythme très rock ! Mais pas de connivence non plus, c’est l’interview qui titille un peu le gars !
On prend ses aises Nico, on s’embourgeoise en quittant Melun pour Fontainebleau ?
Effectivement, je me suis délocalisé, mais comme Ellroy ou Connely avec Los Angeles, Stephen King avec Derry, Melun reste ma ville fétiche, une ville parfaite pour y installer un roman noir. Les barres d’HLM, une ville grise, dortoir, des entrepôts abandonnés, des quartiers dégradés et la proximité avec la forêt de fontainebleau. D’ailleurs, il n’est pas impossible que mes personnages s’y réinstallent dans un futur roman.
Ah ! Le prochain est déjà en marche ?
J’ai posé quelques idées sur un post-it collé sur mon frigo. Mais je viens de récupérer les droits de mon premier roman Eté pourri à Melun plage alors je vais m’attacher à lui trouver un éditeur pour une version poche [à bon entendeur… ndlr]
D’où vient cette idée de personnage à la fois très rock mais avec cet étonnant métier ?
J’aime les histoires mettant en scène des mecs lambdas dépassés par les évènements, comme le faisait David Goodis ou Harry Crews. Mais il me fallait un gars capable, malgré tout, d’encaisser tout ce qu’il lui arrive. Après, je ne sais plus comment l’idée d’un enquêteur d’assurance est arrivée. Par contre, je voulais un personnage Rock and Roll, sarcastique et sachant faire preuve de recul en utilisant la dérision. Un mélange du personnage de Hank Moody interprété par Duchovny dans la série Californication et les privés à l’ancienne des romans et films noirs américains. Philip Marlowe, si je devais en citer un seul.
Aucun des héros modernes de la littérature noire ne trouve grâce à tes yeux ?
Si si… Harry Bosch, Matt Scudder (le héros de Lawrence Block) ou encore Jack Taylor (le héros de Ken Bruen). Et dans la littérature noire française, j’ai bien aimé les personnages des romans d’Antoine Chainas. Mais là, on ne va pas aller jusqu’à parler de héros.
Lajouanie est prêt à sortir une version annotée car c’est quand même un roman très référentiel ?
J’aime bien les références, tu as raison. Il y en a qui sont visibles sans trop de difficulté. Par exemple :
– Garçon, un white russian pour mon vieux pote The Dude, il a besoin de se détendre !
The Dude, c’est le surnom de Jeffrey Lebowski dans The Big Lebowski et il boit du white russian (vodka, liqueur de café, lait)
D’autres un peu moins :
Je m’arrête un instant pour contempler l’affiche d’un film d’horreur des années 1970, Without the Devil de Peter Swan
Peter Swan (Liam Neeson) est un réalisateur n’ayant jamais existé et le film Without the Devil non plus. Il s’agit d’une référence au film La Dernière Cible de Clint Eastwood. Le dernier film de la série de L’Inspecteur Harry dans lequel on peut également entendre la chanson Welcome to the Jungle de Guns N’ Roses (dans une scène d’un film de Peter Swan avec Jim Carrey)
Dans On n’enterre jamais le passé on croise également un personnage nommé Jacques Slauteur. Une référence au personnage de fiction Jack Slater interprété par Arnold Schwarzenegger dans le film Last Action Hero. Et on « entend », au début du livre, la chanson Big Gun d’AC/DC qui est sur la bande originale du film.
Des références et ce type de bordel dans ma tête, il y a plein dans mon bouquin. Au final, il y aurait plus d’explication de texte que de contenu si on sortait une version annotée.
Les passages mou du genou c’est parce que t’as été relu par une fille ?
Ah ah ! Mes deux premiers lecteurs sont des hommes. Mais ensuite, oui, je fais confiance à mes bétalectrices/correctrices/soutiens 😀
Et puis y a PAS de passage mou du genou ! Ce sont des séquences émotions. Ça c’est pour mon côté fleur bleue.
Sur l’aspect « irritant » de ton personnage, quelles étaient tes limites ?
Il n’y a que toi qui le trouve irritant 😀 Moi je trouve que c’est un amour.
Pense-tu en faire un personnage récurrent ?
Il ne sera pas dans mon prochain c’est sûr. Mais pour le prochain prochain, pourquoi pas.
Propos recueillis par Loïc Di Stefano