Ymir, le feu couve sous la glace

Un nouveau talent

Auteur de deux cents nouvelles publiées sur différents supports, le public francophone a pu découvrir le talent de Rich Larson grâce à un recueil de nouvelles, La Fabrique des lendemains (Le Bélial, 2020) qui a globalement bien été reçu par la critique. Mais Larson écrit aussi des romans et voici qu’Ymir sort grâce à la ténacité du Bélial, maison d’édition dont ne cessera jamais de dire le plus grand bien.  Et que vaut Ymir au juste ?

Retour sur les lieux du crime

Un énorme vaisseau bocal brun rouille, grêlé et balafré par son voyage, dégringole le ciel sombre et brûlant d’Ymir. Montés du champ de glace, les drones filent à sa rencontre tels des essaims d’insectes, goûtant la coque de leurs bouches électromagnétiques et demandant à connaître la cargaison. Il signale de l’alliage de nickel, de l’hydrogène brut et une quantité négligeable de fret humain.

A bord de ce vaisseau cargo, Yorick repose dans une cuve. C’est un mercenaire de la Compagnie, organisation tentaculaire qui exploite les ressources des planètes minières comme Ymir. Yorick est entraîné pour la traque des grendel, des monstres étranges qu’on retrouve sur différentes planètes. Mais la planète gelée Ymir est spéciale pour Yorick. C’est son monde natal, un monde de glace dur pour ses habitants. C’est là aussi que vingt ans plus tôt, son frère lui a tiré dessus avec un pistolet à aiguilles, lui arrachant ainsi la mâchoire. Et une révolution secoue Ymir, une révolution dont son frère pourrait bien être des meneurs.

Un roman prenant

On notera bien sûr la référence au mythe de Beowulf ainsi qu’à la mythologie nordique (le nom de la planète renvoie au premier des géants) dans ce roman sans concession, âpre. La description de la vie de ses mineurs évoque pour le lecteur une certaine actualité quand on songe aux conditions de travail de certains mineurs actuels. La relation entre les deux frères est aussi assez prenante, Larson nous réservant quelques surprises.

Ymir est une vraie réussite.

Sylvain Bonnet

Rich Larson, Ymir, traduit de l’anglais par Pierre-Paul Durastanti, illustration de couverture de Pascal Blanché, Le Bélial, septembre 2022, 384 pages, 23,90 euros

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