Un homme doit mourir, le monde d’aujourd’hui

Le roman noir français bouge toujours

Trophée 813 du meilleur roman francophone pour Mourir n’est peut-être la pire des choses en 2003, Pascal Dessaint s’est imposé depuis comme un des écrivains français de roman noir dont la voix compte dans le genre. Plutôt à gauche, de sensibilité écologiste, Dessaint promeut des intrigues ancrées dans l’actualité et un ton mi-désabusé, mi-ironique sur le monde qui nous entoure. On va voir qu’Un homme doit mourir, sorti initialement en 2017 et réédité en poche, est typique de l’auteur.

Vivre a-t-il un sens ?

A trente-six ans, j’étais sans aucun doute d’une génération qui allait devoir bientôt s’accrocher aux branches. Rien ne disait que nous y tiendrions tous ou que les branches seraient assez solides pour supporter tout notre poids.

Boris est un naturaliste employé comme expert par des industriels désireux d’installer des projets sur des territoires fragiles écologiquement. Son boulot est de fournir des rapports qui leur soient favorables. En allant ainsi, il va contre ses convictions profondes, lui regarde les zadistes du coin avec quelques sympathies. Et puis il y a son oncle, qu’il n’a pas vu depuis plusieurs années, qui traîne près de chez lui. Que lui veut-il donc ?

Alexis est un forestier, son boulot est d’abattre des arbres. Il a fait fortune, il est heureux comme ça et n’en a rien à faire de la planète ou des écosystèmes. Quand son vieux pote Raphaël l’invite chez lui, il se doute qu’il y a anguille sous roche. Il est cependant loin de se douter qu’il va lui proposer rien moins que de participer au meurtre d’un homme ? Alexis va-t-il le faire ?

Ces deux histoires, kaléidoscope de notre époque troublée, vont se rejoindre bien sûr.

Un roman qui frappe le lecteur

Un homme doit mourir parle de notre société. Peut-on travailler pour un système qu’on rejette ? Tel est le dilemme de Boris, un type plutôt simple et proche du lecteur. Peut-on tuer son semblable ? Là, c’est le choix d’Alexis, symbole du capitaliste sans foi ni loi, comme aime le détester la France Insoumise, mais finalement très humain et pas si enclin au meurtre.

On pourra contester la vision de Boris le naturaliste qui croit à l’effondrement et à l’apocalypse écologique. On est en tout cas en présence d’un vrai roman noir, un roman de notre temps. On ne peut donc que le recommander.

Sylvain Bonnet

Pascal Dessaint, Un homme doit mourir, Rivages noir poches, septembre 2018, 256 pages, 8,50 eur

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