Marie-Angélique de Fontanges, la favorite oubliée de Louis XIV

Dans les limbes de l’histoire  

Le grand public a gardé le souvenir de certaines maîtresses de Louis XIV : madame de Montespan bien sûr, madame de Maintenon aussi. Louise de la Vallière est parfois évoquée aussi (peut-être aussi grâce à Alexandre Dumas) mais peu de personnes connaissent Marie-Angélique de Fontanges. Il est vrai qu’elle régna peu sur le cœur du roi-Soleil, en partie qu’elle est morte jeune. Cependant, sans le savoir, elle est liée à une période charnière de la vie du monarque. Patrick Daguenet, enseignant de formation, en collaboration avec Christine de Plas pour le premier chapitre, a entrepris la biographie de cette femme oubliée, dont Jean-Christian Petitfils rappelle dans la préface l’importance.  

Une provinciale à Paris  

Cette biographie rassemble tous les éléments connus sur cette belle jeune femme. Noble, elle est née en Auvergne et grandit dans une famille plutôt classique, à l’exception d’une grand-mère enlevée par un soupirant. Elle est éduquée selon les préceptes de la religion catholique, est très pratiquante mais a lu Astrée, ce roman qui a tant fait fantasmer les amoureux au XVIIe siècle. Plus ou moins manipulé par sa parentèle, elle est envoyée à Versailles parmi les dames de compagnie de la duchesse d’Orléans. C’est là que le Roi la remarque en 1678.  

Un Roi qui se cherche  

Louis XIV a alors quarante ans. Au sommet de sa gloire, il est aussi à la fin d’une liaison passionnée mais éprouvante avec madame de Montespan. La jolie Marie-Angélique, de vingt ans sa cadette, lui plaît. Et il tombe amoureux. Elle lui rappelle peut-être la sensibilité de ses vingt ans et puis cela le rajeunit (beaucoup d’hommes vivent cela à quarante ans). Louis XIV en fait alors sa favorite, sans dédaigner la Montespan à qui le lie tant de souvenirs (et d’enfants), et la couvre de cadeaux. Voilà donc cette femme si jeune bientôt la cible de la Cour : normal, il y a tant d’envieux. Et une favorite devient vite une dispensatrice de faveurs…  

Mourir à vingt ans  

La voici pourtant bientôt malade, victime d’une fausse couche, puis une d’une deuxième. On soupçonne un empoisonnement (rappelons que c’est le temps de la fameuse affaire des poisons), les soupçons se portent sur madame de Montespan, à tort visiblement. Quant au Roi, il se rapproche de madame de Maintenon, la gouvernante de ses enfants naturels. La jeune Fontanges ne peut plus le satisfaire… Mais il ne l’oublie pas, fait veiller sur elle, protège sa famille. Sa mort lui laissera un goût amer si on suit cette biographie mais entérinera son union avec madame de Maintenon. Que retirer de cette femme morte si jeune ? Les membres de la cour furent impitoyables avec elle, essentiellement par jalousie. Même si la belle eut la tête tournée par la faveur royale, elle ne méritait pas l’opprobre. Si elle avait pu vivre, qu’est-ce qui aurait pu changer ? Qui sait ? Cette biographie de Patrick Daguenet fait en tout cas revivre une figure attachante.      

Sylvain Bonnet  

Patrick Daguenet, Marie-Angélique de Fontanges, la dernière passion du Roi-Soleil, préface de Jean-Christian Petitfils, Perrin, novembre 2021, 500 pages, 26 eur

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