La Reine de l’ombre, plongée dans la guerre des Deux-Roses avec Paul Doherty

Meurtres et intrigues durant la Guerre des Deux-Roses (1). Voilà le point de départ de la nouvelle série de La Reine de l’ombre de Paul Doherty, auteur prolixe de polars historiques que l’on retrouve en grande partie aux éditions 10/18. Nous plongeons sous sa plume au cœur de la lutte fratricide entre Lancastre et York, une période sombre où les complots vont bon train pour accéder au pouvoir.

Rose blanche et rose rouge

Mai 1471. La guerre des Deux-Roses atteint son apogée. Edward York revendique le trône d’Angleterre et anéantit l’armée d’Edmond Beaufort lors de la bataille de Tewkesbury. La lignée des Lancastre est quasi éteinte. leur dernier espoir repose sur Margaret Beaufort, comtesse de Richmond et mère d’Henri Tudor. Entourée d’ennemis, cette dernière est dans une position précaire et doit se méfier de tout et de tout le monde et en particulier de Clarence, frère d’Edward York. Lorsque quatre fidèles de ce dernier sont retrouvés assassinés dans une taverne de Londres, Margaret Beaufort est immédiatement soupçonnée. Elle ne peut compter que sur quelques fidèles dont Christopher Urswicke, clerc aussi agile d’esprit que de la dague. Ce dernier va devoir ruser pour découvrir ce que trame Clarence et sauver sa maîtresse.

La rose noire

La Reine de l’ombre est d’abord servie par des personnages complexes dont une femme admirable : Margaret Beaufort. Cette reine de l’ombre est, de l’aveu même de l’auteur, la véritable fondatrice de la dynastie Tudor. En effet, bien que la défaite des Lancastre semble consommée au début du roman, Margaret se révèle être une comploteuse hors pair. Surtout quand il s’agit de protéger son fils et d’en faire un roi. Femme redoutable, œuvrant dans l’ombre, mécène, administratrice astucieuse, Margaret Beaufort est consciente de la position délicate dans laquelle elle se trouve. Elle sait aussi se trouver des protecteurs et agir avec patience et discernement pour arriver à ces fins.

Un nouveau grand détective

 Elle est en cela secondée par Christopher Urswicke, son fidèle clerc. Ce dernier est son pendant masculin : fin, intelligent, il est capable de jouer double jeu pour servir sa maîtresse. Face à ce binôme, nous retrouvons les deux frères du roi. Clarence, qui joue plus d’un jeu au risque de s’y perdre et celui qui deviendra le sinistre Richard III, Richard de Gloucester. Ce dernier est le plus intéressant : fidèle à son frère au début du récit, on sent petit à petit poindre chez lui, l’idée qu’il pourrait devenir roi à la place du roi.

Si Paul Doherty fait partie des habitués de la collection « Grands détectives » c’est parce qu’il accorde une grande importance au cadre historique de son récit. Professeur d’histoire médiévale, on n’en attend pas moins de lui. Si le cadre est précis, c’est pour mieux servir l’intrigue et donner vie aux personnages. Il recrée pour nous l’ambiance et nous plonge dans un Moyen -Age sombre et dangereux.

La Reine de l’ombre est le premier acte d’une nouvelle série de Paul Doherty, centré sur la victoire des York. Un deuxième acte devrait nous mener aux affrontements fratricides résultant du Titulus Regius, par qui le malheur frappera la rose blanche des York.

Clio Baudonivie

Paul Doherty, La Reine de l’ombre, traduit de l’anglais par Christiane Poussier et Nelly Markovic, 10/18, « Grands détectives », octobre 2019, 306 pages, 14,90 eur

(1) Cette guerre est une des sources d’inspiration de George R. R. Martin pour Game of Thrones.

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