Philip Glass, accords & désaccords

Un artiste énigmatique

Sylvain Fanet, auteur de Standing on the Beach (Le mot et le reste, 2019), synthèse importante sur la new wave, a décidé de consacrer un livre à un des musiciens les plus énigmatiques de notre temps, Philip Glass. Un OVNI à vrai dire. Voici un musicien à la formation classique, capable de travailler dans l’avant-garde, de donner des musiques de films très commerciales (Candyman) ou plutôt recherchées (Kundun), d’écrire des opéras ou d’adapter David Bowie et Brian Eno en… symphonies. Une trajectoire difficile à expliquer de prime abord.

Un musicien curieux de tout

Philip Glass, issu d’une famille juive new-yorkaise, révèle très tôt des dispositions pour la musique. Après des études à la Juilliard School, il est même l’élève de Nadia Boulanger, familière de Stravinsky, à Paris. Avec elle il apprend l’art délicat de la composition. Mais Glass ne recherche pas les palmes académiques. Amoureux de la musique indienne, il expérimente, forme son orchestre et est vite étiqueté dans les années soixante-dix musicien minimaliste (même s’il déteste les étiquette). C’est l’opéra Einstein On The Beach, monté avec Bob Wilson, qui sort le musicien de l’anonymat (il fut plombier et chauffeur de taxi pour payer les factures). Et le voilà qu’il s’envole pour une certaine célébrité.

Un pied dans le monde de la pop et un pied ailleurs

Glass fait de tout. Un album d’études pour piano (Glassworks en 1981 avec Michael Nyman au piano), des BO, un album avec une ribambelle de stars de la pop qui écrivent des textes interprétés par d’autres (Songs For Liquid Days), etc… sa force est d’être partout, Glass hume l’air du temps, le retranscrit, influençant des artistes au sommet de leur gloire comme Bowie, avant de les réinterpréter lui-même : son travail symphonique sur Low et Heroes est remarquable. Il est aussi capable de composer des petits airs qui restent dans la tête comme l’air de Candyman. Hyperactif encore de nos jours (il a dépassé les 80 ans), Glass nous intrigue toujours. Ce livre de Sylvain Fanet nous permet de nous rendre compte de son influence (malgré une critique musicale toujours mitigée cinquante ans après ses débuts).

Sylvain Bonnet

Sylvain Fanet, Philip Glass : accords et désaccords, le mot et le reste, mars 2022, 266 pages, 21 euros

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