The Cure, le goût acide d’une certaine mélancolie
Voici ici l’histoire de The Cure, un des plus importants groupes de rock (cold wave) des années 80 toujours objet, pour ses nombreux fans, d’une vénération impressionnante. Philippe Gonin propose ici de revisiter la discographie du groupe depuis la fin des années soixante-dix. Notons qu’on attend cette année un nouvel opus qui tarde à se manifester.
Une success story…
En lisant l’ouvrage, disque par disque si on peut dire, on se rend vite compte qu’autant l’histoire du groupe, de ses différents line-up, des tourments de Robert Smith est chaotique, autant la marche vers l’excellent et le succès a longtemps été la marque du groupe (ce qui n’exclut pas les échecs). De Killing an Arab (inspiré de Camus) et Boys Don’t Cry à la trilogie Seventeen Seconds/Faith/ Pornography, Cure a réussi à créer une secte de fans dévoués, prêts à tout pour leur maître Robert Smith. Ils seront bientôt décontenancés par ses singles très pop, puis par le succès planétaire d’In between days, succès qui va durer jusqu’à l’album Wish en 1992. Et Smith y impose son personnage gothique, maquillé à outrance (merci aux clips de Tim Pope), un peu farfelu, qui l’a rendu très populaire : on peut parler de « curemania », Smith devenant un modèle pour nombre d’adolescents mal dans leur peau et se sentant différents.
Une musique venue d’ailleurs
Aujourd’hui, alors qu’un nouvel album est donc annoncé, The Cure et Robert Smith n’ont plus rien à prouver. Cet ouvrage de Philippe Gonin donne l’occasion de se replonger dans la discographie du groupe. Il y a de vrais joyaux, l’album Seventeen Seconds est par exemple un vrai chef d’œuvre, dans la lignée de la trilogie berlinoise de Bowie. Dans la période de succès du groupe, Disintegration et Wish sont de vrais petits bijoux (ah ces parties de guitares sur From The Edge of The Deep Green Sea !). Smith s’avère un songrwiter hors pair, autant à l’aise dans la pop (Close to me, Let’s go to bed) que dans des morceaux plus sombres.
The Cure ouvrage donne des clefs pour comprendre une œuvre qui intrigue encore…
Sylvain Bonnet
Philippe Gonin, The Cure, Le mot et le reste, mai 2023, 288 pages, 23 euros