Power Pop, mélodies, choeurs et Rock’n’roll, 1970-2019
Un genre encore méconnu
Qu’est-ce que la power pop ? A cette question, Christophe Brault, auteur de Rock Garage (Le mot et le reste, 2016), essaie d’apporter quelques réponses. Pas simple quand on voit qu’au final, le genre n’a brillé commercialement qu’à la fin des années 70 avec le méga tube de The Knack, My Sharona, même si on doit noter un net retour ces dernières années avec des groupes comme Weezer. Christophe Brault la définit en tout cas de la manière suivante : des mélodies à la Beatles alliée à des guitares rock et des chœurs puissants. Oui mais ça vient d’où?
Une flopée de groupes
Au fond, un groupe mod comme The Who lance la formule : des chansons de l’album Tommy et encore plus sur Who’s Next sont des hymnes power pop. Mais voilà, il y a un paradoxe : beaucoup de groupes lancent le genre mais peu fonctionnent commercialement. Il y a Badfinger bien sûr mais leur destinée est tragique. Citons aussi le premier album du Big Star d’Alex Chilton en 1972 (très bien décortiqué ici) avec le fabuleux September Gurls. Mais ça ne marche pas, la décennie appartient au hard-rock, au rock progressif et bientôt au disco. Des groupes fameux aujourd’hui comme les Flamin’ Groovies ne percent pas. Le punk et surtout le ras-le-bol contre le disco permettent à un moment à la power pop de s’épanouir. Après le succès de The Knack et de Blondie aussi (Parallel Lines avec Sunday Girl et Hanging On The Telephone), des groupes sont signés et des albums paraissent.
Mais la vague retombe : on est frappés dans ce livre par le nombre de carrières avortées, de musiciens qui replongent dans l’anonymat. Même le succès des Knack ne dure pas. Et il y a pourtant des pépites : écoutez la chanson Let go de Dirty Looks !
Et pourtant la power pop vit
Les années 80 appartiennent à la new wave ou aux nouveaux romantiques comme Spandau ballet ou Duran Duran. Le genre survit dans les clubs, souterrainement. Le retour des groupes à guitare grâce au grunge permet à des groupes comme les L.A’s ou les Lemon heads de se faire une place, un trou de souris. Au début des années 2000, c’est Weezer qui permet au genre de triompher. Depuis, malgré le déclin général du rock (les jeunes d’aujourd’hui préfèrent le rap), la power pop survit et survit bien.
L’étonnante résilience du genre fascine : à lire et avec de la musique en fond s’il vous plaît.
Sylvain Bonnet
Christophe Brault, Power Pop, Le mot et le reste, septembre 2019, 252 pages, 20 eur