Pie VII, le pape qui défia Napoléon

Renouveler l’historiographie

La dernière biographie de Pie VII, pape qui fut le contemporain, le partenaire et l’adversaire politique de Napoléon, remontait à 1958. Il était temps donc de pallier à ce manque et c’est Jean-Marc Ticchi, membre associé au Centre d’études en sciences sociales du religieux, qui a donc choisi de rédiger cet ouvrage, en tenant en compte des derniers développements de l’historiographie.

Un religieux au temps des lumières

Avant de bénir le couronnement de Napoléon un soir glacé de décembre 1804, Pie VII fut Barnabé Chiaramonti, rejeton d’une famille noble désargenté qui choisit de devenir moine désargenté. Il est remarqué de Pie VI, romagnol comme lui, qui en fait un évêque, d’abord à Tivoli puis à Imola. Le futur pape se montre plutôt ouvert à certains aspects des lumières tout en combattant les idées jansénistes, répandues dans une Italie où l’empereur Joseph II tente, dans ses possessions du nord, une première sécularisation. La Révolution française secoue ensuite l’Italie, l’évêque Chiaramonti se montre conciliant avec les français tout en ne reniant rien de ses principes. C’est lui qui est choisi, après la mort de Pie VI à Valence, comme pape.

Face à l’empereur

Pie VII va donc faire face à Napoléon. Voici deux méditerranéens, deux obstinés, deux italophones aussi. Pie VII commence par obtenir le concordat et le rétablissement d’une église de France à la main de Rome, moins gallicane que sous l’Ancien régime : il en gardera toujours une certaine reconnaissance à Napoléon. Puis c’est le temps des affrontements où Pie VII affirme sa volonté de préserver l’indépendance des États du pape et surtout l’indépendance spirituelle de l’église face à la France impériale : sur ce dernier point il ne variera pas, Napoléon finissant par le laisser partir de Fontainebleau avant la chute de l’Empire. On découvre également que ce pape eut aussi fort à faire pour affirmer la place du Saint-Siège face à des puissances catholiques comme l’Autriche. Pie VII meurt en 1821 dans une Rome cependant figée politiquement dans une Italie travaillée par le patriotisme. Voici une biographie utile et nécessaire sur un personnage marquant de l’épopée napoléonienne.

Sylvain Bonnet

Jean-Marc Ticchi, Pie VII, Perrin, avril 2022, 384 pages, 23 euros

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