Quand Constantine manque de charmes (Mike Carey présente Hellblazer, tome 2)

Dans Mike Carey présente Hellblazer, tome 2, Mike Carey poursuit les aventures du plus salopards des sorciers. Seulement passer après Garth Ennis, Warren Ellis et Brian Azzarello n’a rien de facile, comme le démontre cet épais volume, probablement le moins inspiré de la collection. À noter tout de même l’arrivée d’un nouveau dessinateur attitré : Leonardo Manco.

 

 

 

John Constantine est le plus excentrique et le plus retord des sorciers. Après un voyage aux États-Unis, le voici de retour à Londres, sa ville de prédilection. Seulement son répit est de courte durée : les portes de l’au-delà se sont ouvertes et les créatures qu’elles retenaient ne vont pas tarder à les franchir. Le « Chien des Ténèbres », la pire d’entre-toutes, commence déjà à provoquer des crises d’hystérie et de violence à travers le monde. Et Londres n’est pas épargnée. Pour John Constantine, il ne reste plus qu’à jouer son vatout : réunir une équipe composés d’experts en sorcellerie et en sciences occultes. Problème : par le passé, il s’est fâché avec la plupart d’entre eux…

 

 

Droit dans le mur

Jusqu’à présent, la série Hellblazer profitait de sagas globalement déconnectées qui permettaient aux nouveaux lecteurs de prendre facilement le train en marche. La continuité de la série n’était pas spécialement lourde. Dans la saga « Droit dans le mur » qui ouvre ce tome 2, Mike Carey choisit au contraire de réunir des personnages qu’on avait pas vu depuis longtemps. Et qui n’avaient d’ailleurs pas forcément besoin de revenir pour être intéressants. Sur le papier, l’idée de regrouper une dream team d’occultistes a du charme ; hélas, à la lecture, l’ensemble tombe un peu à l’eau. Mike Carey n’arrive jamais à élever l’intrigue au-delà de la simple réunion entre vieux ennemis. De même que cette histoire de portes de l’au-delà ouvertes, usée au possible, surtout dans un titre comme Hellblazer.

 

 

Des ficelles scénaristiques usées

La suite s’améliore un peu, encore pas autant qu’espéré. La faute à une ficelle scénaristique là aussi usée. John Constantine a perdu la mémoire, il ne sait plus qui il est. Évidemment, cela place ce personnage d’ordinaire manipulateur, qui a toujours un coup d’avance sur ses adversaires, dans une position de faiblesse intéressante. Carey en profite pour imaginer un nouvel ennemi intéressant, Monsieur Gill, qui sait « tout sur tout le monde » parce que Dieu lui a parlé. M. Gill n’a qu’un seul problème : Constantine échappe à son omniscience. Et M. Gill est du genre à régler ses problèmes en les enterrant. Hormis cette parenthèse assez agréable, le reste de ce tome 2 s’avère convenu. Mike Carey réutilise la famille de Constantine, mais sans jamais parvenir à rendre l’ensemble passionnant. Disons que pour la première fois, la série parait ronronner.

 

 

 

Leonardo Manco, nouveau dessinateur attitré d’Hellblazer

La nouveauté, l’originalité, il faut la chercher dans les dessins. Dans Mike Carey présente Hellblazer, tome 2, Steve Dillon ou Marcelo Frusin, des dessinateurs historiques, reviennent le temps d’une histoire. Mais on notera l’arrivée d’un nouveau dessinateur : Leonardo Manco. L’artiste va reprendre la série en main pendant trois ans. Ses débuts sont prometteurs : il apporte un style frais et réaliste et son trait a un côté un peu sale et poisseux qui fonctionne bien avec l’ambiance d’Hellblazer. Pour finir sur une note positive : je suis curieux de voir comment Mike Carey va l’utiliser dans le tome 3.

 

Stéphane Le Troëdec

 

Mike Carey (scénario), Steve Dillon, Marcelo Frusin et Leonardo Manco (dessin), Mike Carey présente Hellblazer, tome 2, Urban Comics, collection Vertigo Signatures, juin 2018, 440 pages, 28 euros

Laisser un commentaire