Rien que le noir: l’Écosse, cette autre terre du roman noir

Un ancien du roman noir écossais

On connaît finalement assez peu le parcours de William McIlvanney dans nos belles contrées francophones. D’abord plutôt tourné vers la poésie, McIlvanney rencontre un certain succès avec un roman plutôt social, Docherty. C’est pourtant le roman noir qui lui apporte une certaine célébrité, avec la création du personnage du détective de Laidlaw, flic désabusé de Glasgow (quoique extrêmement cultivé). Il signe quatre romans au total entre 1977 et 1991. Décédé en 2015, il a laissé des notes et un manuscrit pour une dernière aventure de Laidlaw que Ian Rankin, créateur du personnage de l’enquêteur John Rebus, a achevé.

Un cadavre pas très exquis

« Toutes les villes regorgent de crimes. Elles en sont le terreau. Rassemblez suffisamment de personnes en un même endroit et, invariablement, la malveillance se manifestera d’une manière ou d’une autre. Telle est la nature de la bête. En général, elle dort sous la conscience du citoyen lambda. Nos soucis quotidiens obscurcissent le sens aigu que nous pourrions avoir du danger. »

Remontons le temps et zoom sur Glasgow, 1972. Un cadavre est découvert à l’arrière du Pub Le Parlour. Il s’agit de Bobby Carter, avocat plutôt véreux au service de certaines bandes, surtout celle de Cam Colvin d’ailleurs. On met le jeune flic Jack Laidlaw sur l’affaire, flanqué de Bob Lilley, officieusement chargé de le canaliser. Laidlaw est brillant mais travaille en solo, au mépris de sa hiérarchie. Pour autant, il avance. Il découvre ainsi que Carter voulait lancer son propre gang et avait des maîtresses  dont une, Jennifer Love, attire son attention. Elle est la fille d’une ancienne star du football, Archie Love, tombé pour cause de paris truqués.

Glasgow, ton univers impitoyable…

Un dernier tour sur la piste

Rien que le noir est un roman curieux, se situant avant le premier roman de McIlvanney avec Laidlaw (et qui s’appelle d’ailleurs Laidlaw). L’intrigue est bien menée, donnant un aperçu de Glasgow proche par certains aspects de ce que l’on découvre dans les romans d’Alan Parks. Ian Rankin a aussi pu payer ainsi sa dette envers McIlvanney qu’il révérait comme un maître. Lisez Rien que le noir et puis, ensuite, buvez un verre à la santé de Jack Laidlaw.

Sylvain Bonnet

Ian Rankin & William McIlvanney, Rien que le noir, traduit de l’anglais par Fabienne Duvigneau, Rivages, avril 2022, 240 pages, 20 euros

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