Rossignol, la science-fiction parle toujours du présent

Auteure de Noosphère, paru en autoédition en 2017, et du recueil Ellipses, Audrey Pleynet n’est pas encore très connue. Rossignol, qui vient de paraître au Bélial dans la collection Une heure lumière consacrée aux novellas, constitue donc pour moi la première rencontre avec son univers.

Une station en péril

« Je n’ai jamais apprécié la solitude. Elle ne m’a jamais convenu, et il paraît évident qu’elle ne m’appréciait pas non plus. Ensemble, nous devenions folles. Moi morose, elle crispante. Tout sauf un havre de paix. »

Voici l’histoire d’une jeune femme qui a passé toute sa vie sur une station au fin fond de l’espace. Elle y a grandi avec des représentants d’autres espèces, tout à fait naturellement, malgré l’hostilité de sa mère. Car les humains résidents de la station se divisent en deux camps : d’un côté les spéciens, hostiles au métissage génétique avec d’autres espèces, et les fusionnistes qui y sont favorables. et la mère de l’héroïne est, au grand dam de sa fille, proche des spéciens. La jeune femme va devoir choisir son camp, peut-être contre sa mère et l’homme qu’elle aime, Victor. À quel prix ?

Un récit de speculative-fiction

Rossignol étonne par l’attention portée à la coexistence entre humains et non-humains et au débat spéciens/fusionnistes auquel l’auteure s’est beaucoup attaché. On sent qu’elle a transposé dans son esprit des questions très actuelles. Au fond, Rossignol parle de la mixité ethnique. L’héroïne elle-même porte dans son ADN l’héritage du métissage (et sa mère en parle peu) et donnera naissance à un autre métis. Rossignol parle beaucoup de notre présent, Rossignol est très politique. C’est aussi un récit très émouvant, dans la tradition de ceux proposés en leur temps par Robert Silverberg et Ursula Le Guin. À découvrir.

Sylvain Bonnet

Audrey Pleynet, Rossignol, Le Bélial « une heure lumière », illustration de couverture d’Aurélien Police, mai 2023, 144 pages, 10,90 €

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