Le Prieuré de Crest de Sandrine Destombes

Une route de campagne. Un contrôle de routine qui tourne au drame, la conductrice qui fonce pour s’échapper et finit dans le ravin. A son bord, la conductrice est morte mais la petite Léa, qui était à l’arrière, doit être hospitalisée d’urgence. Pourquoi cette fuite ? Ainsi commence Le Prieuré de Crest, où Sandrine Destombes montre combien elle maîtrise l’art fin et subtile d’une narration prenante.

pour une petite fille

Perdu dans la campagne, un prieuré a été investi par une association de défense des femmes meurtries par la vie, par les hommes. Celle qui dirige l’association semble régner comme une protectrice sur la sorrorité dont elle prend la défense. Mais à Crest, jolie petite ville tranquille de la Drôme, les accidents se multiplient… et les cadavres s’empilent à la morgue. Les faits sont-ils liés ?

Les femmes sont au centre de cette histoire peu banale. Des femmes qui se protègent du mâle, d’autres qui les défendent. Et d’autres qui meurent… Mais beaucoup d’hommes meurent surtout, comme s’il y avait, dans cette belle région, une guerre des sexes. Toutes, en tout cas, sont hébergés — ou l’ont été — par l’association dont le siège est au prieuré de Crest, bel endroit pur soigner ses maux.

Pourquoi une enfant est enlevée dans un hôpital par des femmes qui n’ont a priori aucun lien de parenté avec elle ? Pourquoi l’une d’elles décide de se faire exploser juste pour faire diversion ? J’ai une liste invraisemblable de “pourquoi” depuis le début de cette enquête »

Tout semble faire lien autour de la petite Léa, comme si elle concentrait tous les espoirs. Mais aussi toutes les passions. En tout cas, c’est pour la retrouver quoi qu’il en coûte que l’enquête va fouiller dans des passés bien sombres…

Sandrine Descombes sait mener son lecteur. On s’attache au personnage du sous-lieutenant Benoît, gendarme local qui intègre petit à petit l’équipe des Experts envoyés sur place. L’enquête avance lentement, les secrets se dévoilent petit à petit. Il y a une manière toute particulière de poser un climat tendu avec une économie de moyen. Rien de sale, même si une victime est énucléée Sandrine Destombes n’en rajoute pas. C’est juste ce qu’il faut, dans les détails, dans le récit et dans la progression (1). Et quelle fin pour cette enquête où la folie des victimes est mise au centre des hypothèses !

Loïc Di Stefano

Sandrine Destombes, Le Prieuré de Crest, Hugo thriller, mars 2019, 348 pages, 19,95 eur

(1) Même si la révélation qui apparaît au milieu du livre m’a semblé arriver bien trop tôt. Le reste de l’intrigue a été orienté par cela et d’une histoire de femmes qui se protègent j’ai compris qu’il s’agissait aussi d’une histoire de femmes qui attaquent. C’est un peu dommage.

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