Louise Michel, l’héroïne de la Commune

Une historienne du XIXe siècle

On connaît Marie-Hélène Baylac pour sa biographie remarquable d’Hortense de Beauharnais (Perrin, 2016) et pour un ouvrage plus ambitieux, La peur du peuple, histoire de la IIe République (Perrin, 2022) où elle retraçait comment l’idéal de la Révolution de 1848 fut peu à peu effacé, dévoyé par les craintes de la bourgeoisie, républicaine ou monarchiste. Elle s’intéresse ici de nouveau à une femme, Louise Michel, figure emblématique de la Commune.

L’institutrice devenue la « Vierge rouge »

Itinéraire singulier que le sien ! fille d’une servante et d’un châtelain (mais lequel ? les faits ne permettent pas de trancher entre le père et le fils), la jeune Louise bénéficie d’une enfance relativement protégée grâce à son « grand-père » Eugène Demahis. Bien instruite, Louise commence très tôt à écrire, notamment des poèmes qu’elle enverra à Victor Hugo, son héros littéraire. La mort de Demahis la pousse à chercher un travail : elle sera institutrice. D’abord affectée sur un poste en province, elle « monte » ensuite à Paris. Là, au contact du peuple, en faisant des rencontres, elle se politise. Opposante résolue au régime impérial, Louise Michel devient une républicaine ardente. Survient la guerre de 70, la défaite de Napoléon III : tout cela la réjouit. Mais il y a le siège par les Prussiens, les privations puis la défaite. Louise Michel est une ardente partisane de la Commune qui se constitue en mars 1871. Elle devient aussi une amie de Clemenceau, qui essaiera de l’aider toute sa vie. Elle parle beaucoup, prononce des philippiques contre les versaillais et Adolphe Thiers qu’elle se propose d’assassiner…

La semaine sanglante sonne le glas d’expérience communarde.

Cible de la répression et héroïne à vie

Louise Michel est traduite en justice. Elle réclame la mort, celle que l’on donne à Théophile Ferré son grand amour (platonique). Elle sera déportée en Nouvelle-Calédonie. Là-bas, elle se lie d’amitié avec le polémiste Henri Rochefort et se prend de passion pour les Kanaks et leur culture. Grâce aux radicaux et à Clemenceau (Michel Ragon a consacré un livre à leur relation), elle revient en France en 1880 et devient l’égérie de l’anarchisme. Elle fait des conférences, aide les militants, soutient partout les grévistes et refait de la prison… Lors de la crise boulangiste, elle se montre ambigüe, probablement à cause de sa relation avec Henri Rochefort. Cela se répétera en mode mineur lors de l’affaire Dreyfus (même si elle ne versa jamais dans l’antisémitisme).

Voilà une biographie passionnante sur un personnage clivant mais qui ne laisse pas indifférent. Louise Michel, au fond, est une partie de notre histoire commune.

Sylvain Bonnet

Marie-Hélène Baylac, Louise Michel, Perrin, janvier 2024, 432 pages, 23,50 euros

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