Star Wars, les strips quotidiens, tome 1 par Russ Manning

Dès mars 1979, soit un an et demi après la sortie du film de George Lucas, la presse américaine distribue les premiers strips d’un des spin-off de La Guerre des Étoiles. Ce n’est pas la première fois qu’on imagine une suite au film. En plus des romans proposant novellisation et suites, on peut déjà trouver des comics chez Marvel. L’objectif est clair : surfer le plus rapidement possible sur l’énorme succès du film. Il faut se souvenir qu’à l’époque il n’est pas encore question de L’Empire contre-attaque. Toute cette production constitue donc les premiers pas de l’univers multimédia de la franchise Star Wars, qu’on appellera par la suite l’Univers Étendu.

 

Une audience nouvelle

Parmi ces spin-off, on trouve donc les comic strips réédités aujourd’hui chez Delcourt. La publication d’un strip quotidien dans le Los Angeles Time (et son syndicat de publication) va offrir à La Guerre des Étoiles une exposition et une audience nouvelle, bien au-delà des fans de SF. Un public totalement néophyte pouvait donc découvrir les aventures de Luke Skywalker et cie dans un format confortable. Et en plus du strip quotidien, le supplément week-end proposait aux lecteurs une page en couleurs. Toute une époque.

 

 

Russ Manning, un maître du dessin

Le maître d’œuvre du strip de La Guerre des Étoiles s’appelle Russ Manning. Né en 1929, ce dernier s’est fait connaitre pour ses planches de la série Tarzan (d’après Edgar Rice Burrough) qu’il signe pendant une douzaine d’années. Autre œuvre particulièrement marquante de Russ Manning explique son arrivée sur Star Wars : Magnus Robot Fighter, une bande de science-fiction créée en 1963. Déjà, le talent de Manning pour dessiner des univers futuristes et autres technologis fait merveille. Malheureusement, la santé de Russ Manning décline. Il doit quitter Tarzan, puis sur La Guerre des Étoiles, il se fait aider. Don Christensen lui file un coup de main au scénario tandis qu’Alfredo Alcala (Conan, Swamp Thing) vient le remplacer régulièrement à la planche à dessin. En 1981, Russ Manning meurt d’un cancer.

 

 

Un bel écrin

Avec Star Wars, les strips quotidiens, Delcourt publie les bandes quotidiennes en noir et blanc et les pages dominicales en couleurs publiées en mars 1979 et octobre 1980. Ce beau pavé au format à l’italienne de 270 pages restitue à merveille les couleurs de l’époque. Mention particulièrement pour les articles de fond qui replace exactement le contexte créatif.

 

 

Contourner les contraintes

Le dynamisme et la précision des dessins de Russ Manning forcent le respect. D’autant plus qu’on perçoit facilement les contraintes éditoriales. Les 3 petites cases quotidiennes sont un véritable carcan, et les raccorder aux pages en couleurs pose parfois quelques difficultés. Pire encore, Russ Manning est lié à la suite en tournage, et se retrouve contraint à ne pouvoir faire évoluer les personnages. Du coup, l’artiste invente ses propres personnages comme Blackhole, mystérieuse silhouette, ou bien encore la veuve du Grand Moff Tarkin. Autre astuce : faire de C3PO et de R2D2 les vrais héros de l’histoire (rapidement, l’intrigue emboite leurs pas). Manning enrobe le tout avec un rythme stupéfiant qui ne laisse jamais reposer le lecteur. Évidemment tout ceci n’a plus rien d’officiel, mais Star Wars, les strips quotidiens est un must pour les fans curieux de Star Wars. Le témoignage d’une époque révolue.

 

Stéphane Le Troëdec

 

Russ Manning (scénario et dessin), Star Wars, les strips quotidiens tome 1, Delcourt, « Contrebande », juin 2018, 270 pages, 39,95 euros

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