Strangler in the Light, la mémoire d’un rocker

Un groupe phare

Les jeunes générations ont un peu perdu de vue les Stranglers, groupe anglais né durant les années 70 et le punk, une musique qui eut le bon goût de refaire bouger un rock devenu un peu trop… bourgeois ? Les Stranglers ont aussi connu le succès dans les années 80 (qui n’a pas fredonné Always The Sun ?) avant de subir le départ d’un de leurs membres les plus importants, Hugh Cornwell : leur audience connut donc une certaine éclipse. Mais les Stranglers c’est aussi Jean-Jacques Burnel, un personnage attachant, franco-anglais et complètement punk (je me rappelle de lui en train de dézinguer les Stones à la télévision). Il se livre ici dans un livre de conversations avec Anthony Boile, spécialiste de Kat Onoma et du Velvet Underground.

Feu sur le quartier général !

Burnel n’a pas la langue dans sa poche, c’est le moins qu’on puisse en dire. Qu’il s’agisse d’évoquer sa scolarité anglaise (à la dure, on n’est pas loin des scènes décrites dans The Wall de Pink Floyd), ses parents, sa double culture, il parle cash et sans détour : tant mieux. On apprend ainsi comment les Stranglers ont été mis à l’écart de la communauté punk à cause de la rivalité avec les Sex Pistols et les Clash (ah les egos !) et aussi le mauvais tour qu’ils ont joué à Philippe Manœuvre qui leur en veut encore. On en apprend aussi pas mal sur la vie d’un groupe, sur la dégradation des liens suite au succès (et à la grosse tête de certains). Burnel est aussi un homme cultivé, grand lecteur (il apprécie par exemple le japonais Mishima), passionné par la musique française : rappelons qu’il a produit Taxi Girl et joué avec Jacques Dutronc. Au final, voici un livre qui ravira les amateurs des Stranglers et aussi (et surtout) de rock.

Sylvain Bonnet

Jean-Jacques Burnel & Anthony Boile, Strangler in the light, Le mot et le reste, juin 2021, 420 pages, 28 euros

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