San Francisco : la baie roads


Virée avec Streets of San Francisco dans la capitale du Summer of love et de ses lieux mythiques ou plus anonymes qui ont participé à l’Histoire du rock

Arnaud Devillard et Olivier Bousquet accordent de nouveau leur plume et leur bagage, après s’être employés dans deux ouvrages consacrés au septième art (1) et un autre sur l’histoire du rock dans la capitale british (2). Les deux compères, quadras et journalistes tous les deux, nous invitent cette fois à San Francisco. Guère étonnant pour le premier, fan revendiqué de l’ouest américain, auteur de nombreux road-trips contés (3). Leur nouveau voyage, construit à la manière d’un guide touristique, offre à découvrir la capitale du Summer of love au détour de ses quartiers historiques, de ses lieux cultes et de ses visages qui hantent ou bercent, toujours et encore, la ville et sa baie.

Des groupes de légende à foison

La liste des groupes ou artistes originaires de Frisco est longue comme un bras de joueur NBA. Pour le plaisir, sans exhaustivité aucune, roulements de tambour : les Grateful Dead, Janis Joplin, Carlos Santana, les Creedence Clearwater revival, Jefferson Airplane, It’s a Beautiful Day, Quicksilver Messenger Service ou Country Joe and the Fish. Excusez du peu ! San Franciso se révèle surtout comme une formidable aire de jeu peuplée d’endroits mythiques où furent écrites quelques grandes pages de l’histoire du rock.

Streets of San Francisco s’ouvre par une introduction en fanfare et le concert événement des Metallica — les voisins de L.A. — qui ont colonisé le Fillmore pour célébrer leurs 30 ans, le 7 décembre 2011. Ensuite, les auteurs nous emmènent sur plus de 300 pages et plus de cinq décennies, là où ce fut créatif, là où ce fut « so love » ou bien très perché (ou les deux), là où ce fut souvent très bon. Comme un guide traditionnel, agrémenté de cartes et photos, on peut choisir des parcours thématiques (celui du Fillmore ou, pour les groupies, ceux de Carlos Santana, de Jerry Garcia ou de son groupe de légende, le Grateful Dead). Le reste se scinde en différentes parties et grands ensembles de l’aire urbaine dans lesquelles messieurs Devillard et Bousquet recensent quantité d’adresses incontournables et leur cortège d’anecdotes savoureuses.

Les auteurs s’attardent notamment dans les studios Wally Reider / Hyde Street où furent conçus le Green River des Creedence, le Number 5 du Steve Miller Band, Abraxas de Santana, quantité d’opus des Jefferson Airplane ou Starship, le Headhunters d’Herbie Hancock ou, en 1987, l’album d’un professeur de guitare de Berkeley venu dépenser ses 13 000 dollars afin d’enregistrer ce qui deviendra Surfin with the alien, signé Joe Satriani. On découvre « un hôtel de merde » selon Mick Jagger, le Kabuki, où Clapton, Muddy Watters, Bob Dylan et The Band ont tout de même tapé le bœuf et où les Sex Pistols, une nuit de janvier 1978, ont commencé à se disloquer.

On s’achemine sur Sutter street, direction l’Avalon Ballroom, cette scène magique qui fut en concurrence directe avec le Fillmore, où se produisit forcément Big Brother and the Holding company (Janis Joplin y donna son premier concert) ou the Grateful Dead ainsi que les Doors, les Velvet ou les frères Allman. La Maison bleue chantée par Maxime Le Forestier (verte à l’origine), celle (beaucoup) plus excentrique des Jefferson Airplane, le QG des Grateful Dead, là où Janis vivait en coloc. Tout est répertorié. Jusqu’à Harriet Street, où débute et s’achève Acid Test de Tom Wolf dans cet ancien entrepôt devenu terrain de sports.

Vous saurez tout. Une bible qu’on vous dit. A glisser dans sa valise avant de filer vers le Golden gate bridge.

Jean-Charles Galiacy

Arnaud Devillard et Olivier Bousquet, Streets of San Francisco – l’histoire du rock dans la bay area, Le mot et le reste, 2019, 23 eur

(1) Même pas mal : petite anthologie des répliques culte de films d’actions (Flammarion, octobre 2006) et Le Guide de films à voir entre copains (Flammarion, octobre 2008).

(2) Streets of London – Histoire du rock dans les rues de Londres (Le mot et le reste, août 2014)

(3) « Journal des canyons », « Grizzly park » ou « Camping California »

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