Histoire des palais, le pouvoir et sa mise en scène en France du Ve au XXIe siècle
Archiviste paléographe, Thierry Sarmant, coauteur d’une excellente biographie de Colbert (Tallandier, 2019) a déjà publié des ouvrages sur les châteaux de Fontainebleau (Tallandier, 2013) et Vincennes (Tallandier, 2018). Il a publié en début d’année une Histoire des palais qui se révèle une lecture fascinante.
Des demeures royales…

Depuis l’antiquité, les souverains se sont fait bâtir des palais, les Mérovingiens furent les premiers à le faire, récupérant des édifices construits par les romains. Charlemagne fut par contre sans doute le premier, à Aix-la-Chapelle, à bâtir un palais qui montrait son pouvoir car l’idéologie et le discours politique imprègnent ces édifices. On le voit ainsi avec les Capétiens à Paris puis avec la construction du Louvre. Ce sera encore plus manifeste avec les Valois toujours à Paris mais aussi sur la Loire (citons Chambord). Les palais accueillent la cour et les ministres, on y reçoit des ambassadeurs et, par le luxe déployé, le souverain montre sa richesse et son pouvoir. Le soin déployé par les orfèvres puis les manufactures dans les meubles fournis, particulièrement au XVIIIe siècle, fascine toujours. Versailles est bien sûr pour le grand public l’idéal-type des palais. Mais il y avait aussi Marly, Saint-Cloud, les Tuileries.
… Et des palais républicains
La Révolution ne détruit pas les palais : la nation en devient l’usufruitière ! Napoléon récupère les Tuileries, qu’il n’aime pas mais rénove. A-t-il songé à réinvestir Versailles ? C’est possible, en tout cas il sauve certainement le château par les travaux qu’il y entreprend et utilise le petit et le grand Trianon. Les derniers souverains du XIXe siècle utilisent ces palais. Si les Tuileries disparaissent dans un incendie provoqué par la Commune, la République récupère bien des complexes palatiaux et les utilise amplement. L’Elysée abrite le président, le Palais Bourbon l’assemblée, le Luxembourg le Sénat et Versailles accueille les deux chambres lors des congrès. Les présidents puisent abondamment dans le stock du mobilier national, toujours dans le but de promouvoir les arts, de défendre le goût français et de faire de la communication politique.
Très bonne étude.
Sylvain Bonnet
Thierry Sarmant, Histoire des palais, Tallandier, janvier 2025, 560 pages, 25,90 euros