Un an dans la Ville-Rue, fantastique poétique

Un auteur ignoré en France

Voici un écrivain auteur d’une douzaine de romans, d’une pléthore de nouvelles et qui est aussi critique outre-Atlantique : Paul Di Filippo est pourtant peu connu en France où seul le roman Langues étrangères est paru il y a une vingtaine d’années chez Robert Laffont. Les éditions Le Bélial ont décidé de traduire une novella dans leur collection Une heure Lumière, Un an dans la Ville-Rue : une seconde chance pour Di Filippo ?

Un écrivain et sa ville

Diego Patchen a toujours vécu dans cette ville immense, dans le quartier de Vilgravier. Il vient de temps en temps rendre visite à son père :

On était en février, et son père qui ne parlait plus de sa mort prochaine jurait à tort et à travers qu’il voyait des volées de bouledogues se masser pour lui régler son compte, petites taches aux ailes loqueteuses, flottant tels des flocons de cendre dans les fumées fulgurantes des confins septentrionaux du monde. Âme glacée dans un appartement frisquet côté Voies, le vieillard, comme s’il thésaurisait ses peurs et ses récriminations jusqu’à l’arrivée de son unique enfant, divaguait chaque fois que Diego Patchen honorait, de loin en loin, son devoir filial de visite.

Mourant, son père, qui ne s’est jamais remis de la mort de sa femme, attend la venue des psychopompes et lui fout le bourdon. Pour autant, Diego ne se laisse pas abattre, écrit de la « Cosmos-fiction » et se fait un nom. Ce n’est toutefois pas assez pour vivre et il se livre donc à des petits trafics, en compagnie de son ami Zohar. Grâce à sa petite amie pompière, qui a sauvé le maire de la ville, le voici invité dans une croisière sur le Fleuve qui va s’avérer plutôt dangereuse.

Un récit poétique

Difficile de résumer Un an dans la ville-rue, récit qui verse dans l’étrange (le mot anglais « weird » serait plus approprié) tout en retraçant ce que peut être la vie d’un jeune homme qui se cherche dans la grande ville, thème qu’on retrouve dans de nombreux romans américains. C’est peut-être difficile d’accès dans un premier temps mais c’est une lecture enivrante.

Donnez sa chance à Un an dans la Ville-Rue de Paul Di Filippo.

Sylvain Bonnet

Paul Di Filippo, Un an dans la Ville-Rue, traduit de l’anglais par Pierre-Paul Durastanti, le Bélial « une heure lumière », couverture d’Aurélien Police, mai 2022, 128 pages, 9,90 euros

Laisser un commentaire