Le parfum des fleurs la nuit, nocturne musée de nos souvenirs

Un auteur majeur de notre temps ?

On ne peut que constater le succès de Leïla Slimani, prix Goncourt en 2016 pour Chanson douce, où deux enfants en bas âge sont tués par leur nounou. Elle a aussi écrit sur l’histoire de sa famille avec Le pays des autres en 2020, roman conçu à partir de l’histoire de ses grands-parents maternels  dans un Maroc colonial en pleine domination française.  Le parfum des fleurs la nuit, sorti en 2021 et réédité ici chez Folio, est un ouvrage différent.

Un essai sur la création

À l’origine donc une simple proposition de son éditrice : passer une nuit dans un musée seule et ensuite écrire. Et voilà donc Leïla Slimani embarquée pour Venise pour passer la nuit dans les collections d’art de la fondation Pinault. Un défi pour elle, à un moment où elle cherche à écrire :

« L’écriture est discipline. Elle est renoncement au bonheur, aux joies du quotidien. On ne peut chercher à guérir où à se consoler. On doit au contraire cultiver ses chagrins comme les laborantins cultivent des bactéries dans des bocaux de verre. »

Pour elle, l’écrivain a besoin de solitude pour créer. Elle va donc être seule là-bas, dans ce musée. Un prétexte aussi pour ruminer, se plonger dans certains souvenirs nichés au plus profond de son intimité.

Souviens-toi

Alors Leïla Slimani se souvient de son pays, le Maroc, de ses odeurs et de ses habitants. Elle se souvient de l’arbre à l’entrée de sa maison, de son père aussi. Un père qui a connu la prison pour une sombre affaire financière, mort peu après. Ce père dont elle se sent redevable. Elle pense aussi à sa propre identité, entre Maroc et France, l’arabe et le français, Orient et Occident. Elle se voit comme une femme de l’entre-deux, pourquoi pas? Il y a indéniablement du charme dans l’écriture de Leïla Slimani. On se permettra cependant de trouver ça parfois un peu creux.

Sylvain Bonnet

Leïla Slimani, Le parfum des fleurs la nuit, Gallimard Folio, avril 2022, 160 pages, 7 euros

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