Unholy Grail revisite la Légende d’Arthur

Cullen Bunn et Mirko Colak revisitent le mythe d’Arthur et Camelot. Exercice ô combien périlleux puisqu’il faut trouver un juste milieu entre respect de l’œuvre et originalité. Un contrat rempli haut la main dans ce Unholy Grail qui en plus a le bon goût d’être un récit complet.

 

Lancelot est parti de Camelot longtemps, probablement trop longtemps. Quand il revient en terres galloises après des années d’absence, il retrouve un Camelot dévasté. La fameuse Table Ronde est démolie, et les alentours du château sont jonchés de ruines et de cadavres. Comment en est-on arrivé là ?

 

 

Flashback à Camelot

Unholy Grail se construit en un immense flashback qui revient sur les causes et les circonstances de ce massacre. Le responsable de cette désolation n’est autre qu’un démon qui s’est inséré dans le monde des mortels. Ce démon sans nom rencontre Merlin, magicien en route pour Camelot afin se soulager et soigner le roi Uther Pendragon qui souffre d’un mal inconnu. Seulement, le démon prend possession de l’enveloppe corporelle de Merlin. Sous les traits du mage, il finit par convaincre Uther de nommer héritier du royaume son jeune fils Arthur. Le ver est dans la pomme. Merlin manipule les membres de la famille royale et leur entourage. Il orchestre jalousie, traitrises, meurtres et guerres pour semer le chaos dans le monde des hommes.

 

 

Détournement de légende

Unholy Grail, c’est donc une version alternative d’une légende bien connue. Le scénariste Culenn Bunn s’était déjà fait remarquer par des comics comme le western The 6th Gun ou bien encore l’excellent Harrow County. Il signe ici un récit épique riche en épreuves, qui souligne les trahisons et les coups bas. La légende des Chevaliers de la Table Ronde est joliment détournée. Culenn Bunn modifie quelques éléments pour redonner de l’intérêt et du « peps » à cette histoire, même pour ceux qui la connaissent déjà par cœur. Évidemment, pour les amoureux de la légende d’Arthur et de Camelot, il faut s’attendre à quelques surprises. Disons qu’il s’agit bien d’un détournement d’une histoire connue. Le résultat est intéressant et surtout donne envie de se replonger dans l’univers originel, histoire de vérifier certaines références et autres clins d’œil.

 

 

Mirko Colak, entre Lovecraft et érotisme

Graphiquement, Mirko Colak est un dessinateur européen qu’on a déjà vu à l’œuvre sur des titres comme Marie, Atlantide Experiment ou Templier. Sur Unholy Grail, il livre des planches par moment très détaillées et riches. Son style fait mouche quand il s’agit d’illustrer les scènes d’action comme par exemple le très joli passage avec la Dame du Lac. Mais aussi lorsqu’il glisse quelques éléments lovecraftiens dans ses cases, le temps de passages plus horrifiques. À l’autre bout du spectre des genres, il lui arrive aussi de développer un érotisme discret qui colle cependant bien à la légende.

 

Stéphane Le Troëdec

 

Cullen Bun (scénario), Mirko Colak (dessin), Unholy Grail, Snorgleux Comics, septembre 2018, 68 pages, 16,50 euros

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