Janet Jackson, la benjamine méritait le firmament

En Europe, on semble peu à s’être intéressée à Janet Jackson dont le succès à tarder à venir (à partir de l’album Janet.). La petite sœur de Michael Jackson semble aujourd’hui être en bout de course, sa carrière ne s’est en effet jamais remise de l’affaire du Nipplegate, de ce sein dévoilé « accidentellement » par Justin Timberlake au Superbowl de 2004. Ah, Amérique pudibonde, tu me fatigues… Valentin Grimaud, déjà auteur d’un essai sur Mariah Carey (Le mot et le reste, 2020) et sur Céline Dion (Le mot et le reste, 2022), a entrepris ce livre pour réhabiliter son parcours.

Une chanteuse féministe ?

Un des mérites de l’ouvrage est de mettre en évidence son héritage. Janet Jackson, à la différence de son frère, a choisi très tôt de parler du monde dans ses chansons, à la fois des femmes et des noirs américains. Elle n’a pas hésité à parler des violences qu’elle subissait, de leur sexualité, de leurs déceptions. Peut-être d’un amour de jeunesse gâché avec le chanteur DeBarge. Avec Janet Jackson, les femmes, les femmes noires en particulier, ont eu une porte-parole de talent dont l’impact a été phénoménal. Des chanteuses comme Jennifer Lopez, Britney Spears, Beyoncé l’ont vue comme une grande sœur, un modèle pour le début de leur carrière. Il faut dire que dès Control, elle affirmait son indépendance par rapport à son père Joseph, exemple parfait du tyran domestique…

Des chansons, des vraies

Janet Jackson a aussi été importante comme danseuse. Ses chorégraphies millimétrées, parfois orgasmiques, ont impressionné le public. Mais rien n’aurait été possible sans la musique. Et là, la surprise peut être grande pour un amateur de rock et de soul qui l’avait traité un peu de haut. Janet Jackson a choisi très tôt de s’associer à Jimmy Jam et Terry Lewis, membres du groupe The Time longtemps associé à… Prince, grand rival de son frère. Ces deux hommes l’ont aidé à faire éclore son talent de chanteuse et aussi de parolière. On est sidéré aujourd’hui de réécouter That’s the way Love Goes, formidable chanson d’amour très cool que n’aurait pas renié Marvin Gaye, If, Nasty ou la sublime Together Again sur l’album The Velvet Rope (comment ai-je pu passer à côté de cet album à l’époque ?). Sans oublier la sensuelle Someone To Call My Lover. Et puis citons Rhythm Nation, basée sur la boucle rythmique de Thank you… de Sly & The Family Stone : c’est funk à souhait, engagé et la chorégraphie est sublime. Et l’album Rythm Nation 1814 allume le feu comme chanterait l’autre, soyons clairs.

Janet Jackson ne fera sans doute plus de grand album. Il est temps cependant de l’écouter, de l’aimer et de faire la fête sur ces chansons, aussi importantes que celles de Radiohead (je vais me faire des potes, là). Go !

Sylvain Bonnet

Valentin Grimaud, Janet Jackson, la dernière des Jackson, Le mot et le reste, juin 2025, 224 pages, 21 euros

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