Les Lendemains qui chantent, un passé trouble
Depuis La cité des jarres, Arnaldur Indridason s’est imposé comme un auteur phare du polar européen et est suivi par des millions de lecteurs. Avec des hauts et des bas, il faut le dire. Son nouvel opus, Les Lendemains qui chantent, propose une nouvelle enquête de son policier à la retraite, Konrad. Et disons qu’Indridason, d’entrée, est fidèle à lui-même.
De vieux secrets
« Les jambes ankylosées, Konrad montait dans sa vieille jeep quand son téléphone sonna. C’était Marta. Elle ne lui avait pas donné de nouvelles depuis un moment. Il la savait très occupée puisqu’elle faisait partie des chefs de la Criminelle. Il avait essayé de la joindre après la découverte des restes humains près d’Öskjuhlid, mais elle avait refusé d’aborder la question. Elle avait tout fait pour l’éviter et, lorsqu’il avait insisté, elle lui avait répondu qu’il était trop impliqué l’affaire Skafti. Il avait eu beau protester, elle était restée inflexible et ils s’étaient quittés un peu en froid. »

Disparu des années auparavant, Skafti est un des mauvais souvenirs de Konrad. À l’époque, il y avait un suspect, Natan, qu’on avait accusé d’un meurtre, à tort apparemment. Parce que Leo, son ancien partenaire et ami, avait besoin de couvrir des gens de sa famille ? Konrad cherche des explications, interroge Leo qui refuse de répondre. Konrad remue un peu la m… et gêne tout le monde. Car rien n’est simple dans cette île où autrefois les Russes espionnaient et intriguaient pour chasser les américains en s’appuyant sur des militants très à gauche. Konrad va déterrer tout ça même si ça fait mal.
Un roman fait de ruminations
Avec Les Lendemains qui chantent (quel titre plein d’ironie!), Indridason interroge une nouvelle fois le passé de son pays insulaire qui était un théâtre de la guerre froide. L’Islande a aussi ce charme des petits pays où tout le monde se connaît et a plein de secrets. Indridason livre donc un polar plein de secrets à découvrir, avec un personnage qui affronte son passé (en tant que flic à la Criminelle, Konrad a apparemment laissé passer trop de choses). Ereintant et passionnant.
Sylvain Bonnet
Arnaldur Indridason, Les Lendemains qui chantent, traduit de l’islandais par Éric Boury, Métailié, février 2025, 336 pages, 22,50 euros