La véritable histoire des douze césars, juste des hommes
Une historienne accomplie
On a connu Virginie Girod grâce à ses biographies d’Agrippine (Tallandier, 2015) et de Théodora (Tallandier, 2018) qui avaient le grand mérité de poser la question de la féminité et du pouvoir pendant l’antiquité, le sujet de son livre Les Femmes et le sexe dans la Rome antique (Tallandier, 2013). Elle a choisi ici de s’intéresser à la vie des douze césars en s’attachant à la lecture et à l’étude de leur plus célèbre biographe, Suétone. Qu’apprend-on dans La Véritable histoire des douze césars?
Un empereur n’est qu’un homme
Il faut rappeler au lecteur complètement néophyte de l’histoire romaine que Suétone, en tant que bibliothécaire au palais sous le règne de l’empereur Hadrien (117-138) a eu accès aux archives impériales, évidemment disparues aujourd’hui. Il a par exemple pu juger du talent de poète de Néron dont il a pu lire des textes, pas si mauvais que ça d’ailleurs.
En tout cas, on découvre avec Virginie Girod que les Julio-Claudiens étaient au fond des êtres humains comme les autres. On se prend de sympathie par exemple pour Tibère, le fils de l’impératrice Livie. Peu aimé de sa mère, il est l’instrument de son ambition et elle ne cesse de le mettre en avant par rapport à la descendance d’Auguste. Mère peu aimante, elle force son fils à divorcer de sa femme (qu’il aime) pour le marier à Julie, fille d’Auguste : l’union fut un désastre, Julie multipliant les amants et fomentant des complots contre son père…
Tibère, très amer, finira par devenir empereur à la mort de son beau-père, faute de mieux… il deviendra un tyran, lui le républicain qui rêvait à ses débuts de gouverner avec le sénat. Et qui lui succède ? Caligula, le fils de Germanicus, tant aimé du peuple. Caligula qui a grandi en observant Tibère qui fait tuer ses deux frères…
Tragédie familiale
On découvre donc les Julio-Claudiens, parents de César, qui se déchirent au sein de la Maison impériale. L’histoire se termine avec Agrippine qui, à l’instar de Livie, a vu en son fils un instrument de pouvoir plutôt que son enfant : il la fera assassiner. Quant aux Flaviens, on pourrait dire qu’ils reprennent ce schéma avec la rivalité entre Titus, le fils préféré de Vespasien, paré de toutes les vertus, et Domitien, le cadet un peu honteux qui finira tyran. Bien plus qu’une réécriture de l’œuvre de Suétone, La Véritable histoire des douze césars permet de comprendre comment des hommes, peuvent devenir des tyrans. Et l’importance des femmes (Livie, Agrippine la jeune) est capitale.
Ce livre est une belle introduction à l’histoire des empereurs romains du Ier siècle de notre ère.
Sylvain Bonnet
Virginie Girod, La Véritable histoire des douze césars, Perrin, septembre 2019, 416 pages, 24 eur