Wonder Woman Historia, le récit des origines
Un personnage iconique
Depuis sa création au début des années 1940, l’Amazone Wonder Woman a toujours été un personnage à part de l’univers de DC Comics. Parce que femme, parce que puissante. Parce que déesse pour certains, ce qui n’a pas été empêché certaines histoires d’être sexistes. Le tournant du personnage lorsque le dessinateur George Pérez la redéfinit à la fin des années 80, insistant sur ses origines miraculeuses et sur son statut d’icône « féministe » (avec une dimension écologiste). Wonder Woman Historia, de l’aveu même du dessinateur Phil Jimenez qui a toujours admiré le travail de Pérez, prend la suite de ce travail mais pas seulement, comme on va le voir.
L’origine des Amazones…
Au commencement il y a les déesses grecques Déméter, Aphrodite, Athéna, Héra qui estiment que les femmes sont traitées de façon injuste par les dieux et les hommes. Elles protestent auprès de Zeus, qui s’en moque au fond. Très masculin, le dieu suprême de l’Olympe ignore leurs protestations. Les déesses décident alors de créer les Amazones pour venger les méfaits des hommes sur Terre. Mais il ne faut pas que Zeus le sache… cela dure jusqu’à l’arrivée d’Hippolyte, obligée d’abandonner son bébé aux tourments du fleuve. Elle revient pour essayer de le sauver, sans succès. Hippolyte erre… Et est sauvée par les Amazones. Elle comprend alors qu’elle veut devenir l’une d’elles et le deviendra… ce qui déclenchera le processus qui mènera les dieux à découvrir leur existence et envoient Héraclès lutter contre les Amazones. Héraclès perdra et Zeus devra intervenir.
… Revue et corrigée
Pas de Wonder Woman sans Amazones, donc les auteurs Kelly Sue DeConnick, Phil Jimenez et Gene Ha ont décidé de relire le parcours de ses femmes féroces issues de la mythologie grecque. Le récit est donc assez iconoclaste, je vous laisse découvrir le sort d’Héraclès/Hercule. Mais pourquoi pas ? On se doit ici de saluer le graphisme de Phil Jimenez et Gene Ha : fouillé, précis, ample, toujours dynamique et beau pour l’œil. Chapeau bas. Certains pourront reprocher à cet album de relever d’une idéologie néo-féministe… On se contentera de signaler que le personnage fut une icône féministe (et gay), c’est consubstantiel à sa création et dû à la volonté de son créateur William Moulton Marston. Retour aux sources donc ?
Ce Wonder Woman Historia, version féministe, est en tout cas une œuvre graphique de toute beauté. Et qui fait réfléchir.
Sylvain Bonnet
Kelly Sue DeConnick & Phil Jimenez & Gene Ha, Wonder Woman Historia, traduit de l’anglais par Sarah Dali, Urban Comics, août 2023, 248 pages, 24 euros