Chiens de guerre, où l’animal égale l’homme

L’homme d’un seul roman ? 

On a découvert le britannique Adrian Tchaikovsky avec Dans la toile du temps, un roman assez saisissant racontant la rencontre sur une planète terraformée entre des araignées rendues intelligentes par un virus inventé par l’homme et l’équipage d’un vaisseau de survivants d’une humanité obligée de quitter la Terre. Il fallait du souffle et de l’énergie pour rendre cette histoire palpitante et Tchaikovsky n’en manquait pas. Les éditions Denoël viennent de publier un deuxième roman, Chiens de guerre, où il s’intéresse ici à des animaux génétiquement modifiés pour en faire des armes vivantes.   

Soldats d’un nouveau type 

Je m’appelle Rex. Je suis un bon chien. /Quand Rex fonce, l’ennemi est défoncé. C’est une blague du Maître. / Mon équipe se compose de Dragon, Miel et Abeilles. C’est une escouade d’assaut multiforme. Ça veut dire que ce ne sont pas des bons chiens comme moi. » 

Génétiquement modifié, Rex est, comme ses coéquipiers, un biomorphe conçu pour le combat. Il a hérité des caractéristiques du chien et commande une escouade composée d’un lézard géant, d’une ours intelligente et d’un essaim d’abeilles. Ils obéissent au Maître, Jonas Murray aidé d’Hartnell, un scientifique qui a pris en sympathie ces animaux qui n’en sont plus. Ils sont envoyés au Mexique, pays plongé en pleine guerre civile et où des Multinationales luttent contre les « anarchistas ». Rex et son équipe remportent des succès.

Mais le Maître voit arriver Ellene Asento. Elle fouille ici et là. Le Maître sait que des crimes ont été commis. Il décide d’éliminer Hartnell et Ellene Asento. Mais Hartnell a laissé un sous-programme en Rex : à sa mort, il libère l’escouade, libre désormais d’aller où elle veut. Les animaux errent, effrayant les paysans mexicains. Ils arrivent dans un village et finissent par nouer des contacts avec les habitants, surtout la docteur Thea de Sejos. Quand des soldats attaquent le village, l’escouade de Rex choisit de les défendre, se retrouvant bientôt face au Maître… 

Un roman cru et violent 

Chiens de guerre impressionne dans sa première moitié par la violence du monde imaginé et décrit par Adrian Tchaikovsky. Ce monde ressemble beaucoup au nôtre. Quant aux animaux, on assiste peu à peu à leur émancipation de leurs maîtres humains. Dans le cas de Rex, conditionné, c’est loin d’être simple. La seconde partie est consacrée à la reconnaissance par les juges de l’intelligence de ces biomorphes et à leurs premiers pas comme individus. C’est très intéressant car on touche ici aux débats actuels sur la bioéthique, les manipulations de l’humain (le génome de Rex comprend des gênes humains).

Chiens de guerre est donc une réussite, moins évidente toutefois que Dans la toile du temps, où l’ampleur « cosmique » de l’histoire laissait pantois. Tchaikovsky a en tout cas plusieurs cordes à son arc et est définitivement un auteur de science-fiction à suivre. 

Sylvain Bonnet

Adrian Tchaikovsky, Chiens de guerre, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Henry-Luc Planchat, illustration de couverture d’Aurélien Police, Denoël Lunes d’encre, octobre 2019, 320 pages, 19,90 eur

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