La septième diabolique, sur les traces de Barbey d’Aurevilly

D’un grand auteur, on espère toujours un petit inédit. Mais quand il s’agit d’une nouvelle inédite de Barbey d’Aurevilly (1808-1869), qui viendrait compléter les fameuses Diaboliques ! On remercie d’avance Adrienne Weick d’avoir sur faire de son écrivain de cœur le héros d’un secret précieusement gardé au sein d’une campagne qui fut son havre de paix et de souffrance morale.

Dans quelque manoir vermoulu du Cotentin

Les Diaboliques parurent en 1874 chez l’éditeur Dentu, qui réunies en volume chez Lemerre en 1883. Six récits où la vengeance féminine prend toute leur puissance. Après le succès d’estime du Chevaliers Destouches, c’est avec ce recueil de nouvelles que le connétable des Lettres entre dans l’histoire de la littérature.

Quand un septième récit apparaît, du moins sa trace tangible, c’est l’effervescence. D’autant que, plus qu’un récit, il semble y avoir un secret familiale enfoui. Chercher l’un, c’est révéler l’autre, et des forces s’y opposent. En plus d’une énigmes nichée au cœur du XIXe siècle bouillonnant, c’est une plongée dans les petits secrets d’une ville qui se semble exister que par son passé, sinon glorieux, du moins curieux. Quelle bourgade ne s’enorgueillirait-elle pas d’un illustre en son histoire locale ?

Les forces qui vont se dresser pour protéger le secret seront multiples, certaines bienveillantes, d’autres moins. Et les deux enquêteurs de La Septième diabolique vont l’apprendre à leurs frais.

Un duo improbable

Quels pires héros pour un roman à énigmes portant sur la littérature qu’un vieil écrivain bougon et un jeune étudiant qui ne s’intéresse pas du tout à la littérature ? Et bien voilà que cet improbable aréopage fonctionne parfaitement et avance vers cette septième diabolique. Ils vont voyager sur tous les lieux qu’aurait parcouru d’Aurevilly pendant la Commune, autour de 1871, entre Paris et la Normandie. Ils vont trouver des indices, passer des tunnels, découvrir des passages secrets, combattre enfin pour qu’advienne la vérité sur cette découverte. Leur maladresse aussi bien que leurs différences donnent beaucoup de charme à ce duo.

Et l’enquête proprement dite est assez classique. Mais la construction est adroite et l’ensemble des éléments qui se dressent sur la route des deux héros est assez riche pour saupoudrée l’enquête d’aventures et de rebondissements. De toi tenir le lecteur en éveil !

La Septième diabolique est une histoire à l’ancienne, c’est-à-dire fouillée, très bien écrite, qui croit plus en l’intelligence qu’à l’étalage gore. Et si en passant cela vous permet de découvrir l’un des plus grands écrivains du XIXe siècle, alors ne boudez pas ce plaisir.

Loïc Di Stefano

Adrienne Weick, La Septième diabolique, Robert Laffont, « La bête noire », 268 pages, 17 euros

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