De l’espace et du temps, le dernier des hommes

Un auteur incontournable

Doit-on encore présenter Alastair Reynolds ? Après le succès du cycle des Inhibiteurs, la critique a fait de lui un des héritiers d’Arthur C. Clarke. Ses dernières parutions en France ont très agréablement surpris. Songeons à La millième nuit (Le Bélial, 2022) et surtout à Eversion, roman mélangeant avec maestria science-fiction et roman d’aventures maritimes, avec une chute saisissante. De l’espace et du temps est une novella, comme La millième nuit, format très apprécié de Reynolds, publiée dans la sainte collection « une heure-lumière ».

La fin de l’humanité… ?

« Un objet des plus étranges apparut dans la bulle d’animation périphérique le jour de la mort de Katrina Solovyova. Lorsqu’il le remarqua, John Renfrew retourna en toute hâte à l’infirmerie où il l’avait laissée. Depuis quelques temps, elle n’était lucide que par intermittence, mais il se félicita de la découvrir éveillée à son arrivée. Elle ne quittait que rarement la baie vitrée des yeux, subjuguée par le silence et l’immensité du paysage dans la pénombre, derrière le verre blindé. »

Sur Mars, d’ici vingt ans. John Renfrew voit sa collègue et amie Solovya mourir d’un virus qui a emporté l’ensemble de l’humanité sur Terre. Retranché dans sa base martienne, il est désormais seul… et pas tout à fait : derrière un piano blanc, un Bösendorfer, il y a ce musicien virtuose derrière ses grosses lunettes qui lui joue des chansons d’un autre temps : Rocket man, Bennie and the jets, Candle in the wind. Ça l’aide à tenir. Chaque jour, Renfrew pointe son antenne vers la Terre, espérant un signal radio. Un jour, il en capte un. Peut-être un vaisseau. Lorsqu’il se rend sur la zone d’atterrissage, il découvre un conteneur, envoyé avant la Catastrophe. Désespéré, il rentre à la base mais tombe, son casque se fêle, l’air s’échappe… et il se réveille. Les Bienveillants, des aliens surpuissants, ont retrouvé son corps et l’ont ressuscité. John Renfrew va se lancer grâce dans une quête vertigineuse, celle de la connaissance de l’univers.

A nouveau une réussite

De l’espace et du temps ne déçoit pas les espoirs que nous avons placés dans Reynolds qui livre encore une fois une excellente histoire, ancrée dans le space opera, que n’aurait pas renié Arthur C. Clarke. Construit en quatre parties, cette novella émerveille franchement le lecteur le plus endurci et c’est tant mieux, on en attend pas moins de la science-fiction. Et chapeau au passage d’avoir incorporé Elton John là-dedans ! Du bon, je vous dis, vous n’avez désormais plus d’autre alternative que de lire De l’espace et du temps.

Sylvain Bonnet

Alastair Reynolds, De l’espace et du temps, traduit par Laurent Queyssi, Le Bélial « Une heure lumière », illustration de couverture d’Aurélien Police, mars 2024, 112 pages, 9,90 €

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