Auschwitz 1945, découvrir l’horreur
Ce mois-ci sera commémoré le quatre-vingtième anniversaire de la libération du camp par les soviétiques. Alexandre Bande, docteur en histoire et professeur en classes préparatoires à Janson de Sailly, consacre donc un ouvrage court et dense à un évènement qui marque encore les consciences, la libération du camp d’Auschwitz. Et à raison car l’évènement reste au fond mal connu.
Des camps vides ?
Si 1,3 millions de personnes sont passées et pour une grande majorité ont été exterminées à Auschwitz, il n’en reste que quelques milliers à l’arrivée de l’armée rouge : la majorité des déportés ont été emmenées par les SS lors de ce qu’on va appeler les marches de la mort. Si les nazis ont essayé de détruire le complexe (car le site d’Auschwitz, véritable « ville », est gigantesque), il reste cependant suffisamment de preuves pour établir l’énormité du génocide… que les soviétiques et les polonais vont mettre du temps à exploiter. Pourquoi ?
De la difficulté à comprendre l’innommable
D’abord la guerre est loin d’être terminée en janvier 1945 et l’armée rouge est en train de préparer l’assaut final sur le IIIe Reich. Surtout les soldats soviétiques ne sont pas préparés à ce qu’ils découvrent. Parfaitement conscients des massacres commis sur le sol de l’URSS (quoiqu’ils ne perçoivent pas l’importance de la shoah par balles), ils ne pouvaient imaginer que les nazis massacrent plus d’un million de juifs sur le sol dans ce camp. On découvre aussi qu’ils vont tenter d’aider les rescapés, en tuant malheureusement certains en essayant de les alimenter… Très vite des médecins militaires puis la Croix-Rouge polonaise vont venir en aide aux survivants, plus tard rapatriés dans leurs pays d’origine. Mais l’armée rouge a aussi son propre agenda. S’ils établissent qu’il y a eu massacre de masse, ils l’imputent au régime fasciste ou nazi, à abattre, tout en comprenant pas la singularité de la shoah. Ce sera aux témoins, plus tard, de raconter cela.
Très bon livre, parfois dur, à lire à un moment où l’Europe connaît une nouvelle vague d’antisémitisme.
Sylvain Bonnet
Alexandre Bande, Auschwitz 1945, Passés composés, janvier 2025, 144 pages, 16 euros