Le martyre de Georges Mandel, un héros contrarié

Commissaire de police de profession, Antoine Mordacq, qui a récemment présenté et annoté une édition des mémoires du général Mordacq, le ministère Clemenceau. Il vient de publier une enquête sur un autre proche de Clemenceau, l’ancien chef de son cabinet civil Georges Mandel, assassiné par la Milice en juillet 1944 et son titre est éloquent : Le martyre de George Mandel.

Quatre ans de persécution

Ministre de l’intérieur de Paul Reynaud, Mandel est très vite inquiété par le gouvernement de Philippe Pétain qui le fait arrêter une première fois…Puis relâcher. Mandel arrache une lettre d’excuses au vieux maréchal qui ne lui pardonnera pas cet affront. Il refuse de partir à Londres, laissant de Gaulle, qu’il estime, y aller, et embarque sur le Massilia avec d’autres députés : c’est une erreur. Aussitôt arrivé à Casablanca, après avoir une nouvelle fois refusé de rencontrer les Anglais, il est arrêté et placé en résidence surveillé. De là commence quatre années d’emprisonnement en Afrique du Nord, en France puis en Allemagne, sans jugement. La seule instruction menée contre lui par un magistrat militaire préconisait l’abandon de toute poursuite. Mais Mandel est un symbole : antinazi et homme de droite patriote, proche de Clemenceau et juif… pour les collaborationnistes et les pétainistes, il doit payer, d’une façon ou d’une autre.

De l’Allemagne au retour tragique en France

Rien n’a été épargné à Mandel, finalement déporté en Allemagne, loin de sa fille et de sa compagne. A Buchenwald, il retrouve Léon Blum. L’homme de gauche et l’homme de droite ne se sont jamais vraiment connus ou croisés au cours de leurs carrières respectives. Ils vont ici se découvrir et finir par s’apprécier. Mais Mandel repart vers la France à l’été 1944 où l’attend un sinistre destin dans la forêt de Fontainebleau…

Durant ces quatre années de persécution, il fait preuve d’un sang-froid remarquable, sûr de son droit et de la victoire alliée. Un peu oublié après la guerre, Mandel mérite une place au panthéon des républicains et cet ouvrage bien documenté va y aider.

Sylvain Bonnet

Antoine Mordacq, Le martyre de George Mandel, Passés composés, avril 2025, 301 pages, 21 euros

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