L’appel du 18 juin, les débuts d’une légende

Histoire et radio

Docteur en histoire, Aurélie Luneau a fait sa thèse sur le rôle de la BBC dans la Résistance, qui a été publiée sous le titre Radio Londres : Les Voix de la Liberté (1940-1944) et a aussi publié Comme un allemand en France (éditions de l’iconoclaste, 2016). Après avoir travaillé à France culture, particulièrement sur l’émission La Fabrique de l’histoire de 1999 à 2009, elle est aujourd’hui productrice de l’émission La marche des sciences. En cette année de commémoration « gaullienne », elle publie chez Flammarion L’Appel du 18 juin, une occasion de revenir sur le général de Gaulle et la genèse de son fameux appel qui l’a fait entrer dans l’histoire.

Un homme et son destin

Avec application, Aurélie Luneau retrace bien le parcours du futur dirigeant de la France Libre. Issu d’une famille catholique et monarchiste de cœur, malgré tout dreyfusarde, de Gaulle croit qu’un destin l’attend et entre à Saint Cyr pour devenir officier. Officier prometteur, soutenu par son supérieur Philippe Pétain (hé oui), il est fait et reste prisonnier jusqu’en novembre 1918. Toujours soutenu par Pétain, il fait l’école de guerre, s’impose intellectuellement et devient un partisan des chars et de l’offensive.

Ayant finalement perdu la protection du futur chef de l’État français, il s’engage dans le combat intellectuel et fréquente des politiques comme Reynaud. Il n’arrive pourtant pas à convaincre les cercles dirigeants et assiste à la défaite d de1940.

L’appel et ses différentes versions

Aurélie Luneau revient sur l’appel lancé le 18 juin. Le néophyte y découvre que le texte a subi des modifications « diplomatiques » afin d’éviter une rupture franche avec le gouvernement de Pétain, ce que de Gaulle omet dans ses mémoires. De plus le texte reproduit sur les murs de France aujourd’hui n’est pas celui du 18, comme d’autres l’ont démontré. Il est de fait difficile de mesurer l’audience de cet appel aujourd’hui, pourtant plus entendu qu’on ne le croit. Il fait de de Gaulle un homme célèbre, de plus en plus écouté en France. Plus qu’un homme, un symbole même, qui perdurera malgré les vicissitudes de la politique.

Les limites d’un ouvrage réussi

Pédagogue, l’ouvrage d’Aurélie Luneau est une bonne introduction aux problématiques attachées à la genèse de cet appel du 18 juin et à sa mythologie : on recommandera les dernières pages qui racontent comment il a ensuite été imité. Excellente vulgarisation, il a cependant des défauts : sur les chars, de Gaulle a compris leur importance mais ne les utilise pas aussi efficacement que possible. Ensuite, on relève une erreur page 226 où il est indiqué que les communistes détenaient les ministères des affaires étrangères, de l’intérieur et de la Défense au sein du GPRF : c’est faux car de Gaulle en avait fait une ligne rouge lors de ses négociations avec eux. Ce sont donc Georges Bidault (MRP), Adrien Tixier (SFIO) et de Gaulle qui occupaient ces postes.

À lire en tout cas en cette année de commémoration.

Sylvain Bonnet

Aurélie Luneau, L’Appel du 18 juin, Flammarion, juin 2020, 352 pages, 21,90 eur

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