Dead stars, disparition

Connu depuis le succès de son roman Pike (Gallmeister, 2012), Benjamin Whitmer a confirmé son talent avec Cry Father (Gallmeister, 2015) et Evasion (Gallmeister, 2018). Dead Stars, paru en France l’année dernière et repris en poche dans la collection Totem, est, on va le voir, une nouvelle preuve de son talent.

La quête d’un père

Quelque part, une chute :

« C’est comme si un mur de pierre venait de s’effondrer sur lui, ce noir soudain. D’abord un craquement sourd, la terre qui se déchire, et puis plus rien sous ses pieds, plus rien du tout. Son estomac est tombé en chute libre dans un vide nauséeux, et, pendant une seconde, il est resté suspendu dans les airs. Juste le temps qu’il lui fallait pour comprendre qu’il tombait. »

Plainview, Colorado, 1986. Hack Turner travaille dans une usine de plutonium, le seul employeur de la ville. Il élève seul ses deux enfants, sa fille Nat et son fils Randy. Mais un soir, Nat panique. Randy n’est pas rentré. Hack le cherche, se préparant à lui balancer une sacrée gueulante. Mais Randy est introuvable. La police s’en mêle, on organise des battues. Mais les gens de Plainview se méfient de Hack, fils de Robin Turner, un dur local réputé pour sa violence. Sans compter que la mère des petits, Joy, se droguait et a disparu. Et puis Hack a récemment révélé des choses à un journaliste sur l’usine de plutonium… Hack ne lâche rien, son frère Whitey l’aide. Mais la réalité le rattrapera car on n’échappe pas à sa famille, ni à ce qu’on est.

Un chef d’œuvre tout simplement

Dead Stars laisse chancelant. Ce roman décrit l’Amérique profonde, encore rurale, celles des petites communautés. La disparition de Randy déclenche une série d’évènements qui pousse les personnages à aller au plus profond d’eux-mêmes. On apprend leurs secrets, on découvre leurs failles, sur fond d’une Amérique Reaganienne traversée par la peur d’une guerre nucléaire (et accessoirement la montée des inégalités sociales et de l’explosion de la drogue). Et cette famille Turner… Benjamin Whitmer a frappé fort, on est en tout cas convaincu de son talent.

Sylvain Bonnet

Benjamin Whitmer, Dead Stars, traduit de l’anglais par Jacques Mailhos, Gallmeister « totem », mai 2025, 576 pages, 13,50 euros

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