Burning Sky, un autre passé est possible
L’homme de l’uchronie fantastique
Stéphane Przybylski est l’auteur de la tétralogie Origines au Bélial (et adapté en bande dessinée) qui témoignait déjà de ses ambitions dans les domaines de l’uchronie et du fantastique. Burning Sky confirme largement son goût pour les chemins de traverses qu’aurait pu prendre l’histoire… Si on l’y avait un peu aidé. Maintenant imaginons : et si le Nord avait finalement échoué au cours de la guerre civile à battre le Sud ?
Des Allemands, des Français et un Indien
Des américains débarquent au début du XXe siècle pour visiter un empire mexicain florissant. Les douaniers, sensibles à l’immigration, vérifient consciencieusement leurs papiers. Comment en est-on arrivé là ? Remontons le temps, en 1863…
Ferenc Von Richter regardait le ballon captif zigzaguer au gré du vent. Les courants l’avaient déporté vers l’autre rive de la Rappahannock. Il fut soudain pris pour cible par des tireurs d’élite confédérés. Son enveloppe transpercée, la montgolfière dériva, perdit de l’altitude. Les aérostiers de l’Union ne durent leur salut qu’à une bourrasque inopinée qui les ramena au-dessus des lignes de l’armée fédérale.
Richter a été envoyé par son souverain le roi du Wurtemberg observer la guerre de Sécession du côté nordiste. Intéressé par les sciences, Richter y fait la connaissance de Ferdinand Von Zeppelin. Les deux observent les batailles, les morts sur le champ de bataille, Richter y est même blessé. Puis Richter part vers l’Ouest. Il va y faire la connaissance de Morleau, un déserteur de l’armée française qui occupe le Mexique, un Russe en exil nommé Tchernikov et surtout l’indien Mahpiya Ilé. Ce dernier les invite dans un trip spirituel qui leur ouvre l’esprit et les convainc de tout faire pour empêcher l’expansion américaine vers l’Ouest. Richter a en tête de construire un dirigeable de guerre pour renverser la vapeur en faveur de la confédération, devenu allié temporaire de leur cause. Mais ils vont rencontrer bien des difficultés, dont celles suscités par une femme, Inger, amour de jeunesse de Richter. Et surtout une sorcière…
Un roman bien ficelé
Burning Sky se lit d’une traite. C’est un roman efficace, bien documenté (une constante de l’auteur), avec des personnages intéressants. On pourrait faire la fine bouche devant l’alliance contre-nature avec les confédérés… on regrette d’ailleurs le traitement du général Beauregard, un des seuls confédérés qui, l’après-guerre civile venu, défendit l’égalité entre noirs et blancs. Le résultat est cependant positif et on ne peut que recommander le roman.
Sylvain Bonnet
Stéphane Przybylski, Burning Sky, illustration de couverture d’Anouck Faure, Denoël Lunes d’encre, février 2023, 496 pages, 24 €