Ce que n’est pas l’identité, un débat contemporain

Une double ambition

Sociologue, Nathalie Heinich a centré ses recherches d’un côté sur l’art contemporain et de l’autre sur l’identité féminine. Dans le premier domaine, elle s’est fait remarquer avec Le Paradigme de l’art contemporain (Gallimard, 2014). Dans son autre domaine de prédilection, elle a publié L’Identité féminine dans la fiction occidentale (Gallimard, 1996). Nathalie Heinich est aussi intervenue dans le débat public en s’opposant au mariage pour tous, à la PMA et à la GPA, ce qui lui a valu de nombreuses critiques des milieux féministes, ainsi que contre le burkini. En publiant Ce que n’est pas l’identité, elle s’inscrit dans un débat public sous haute tension depuis la publication de L’Identité malheureuse d’Alain Finkielkraut ou Le Suicide français d’Éric Zemmour (Albin Michel, 2014).

 

Définir l’identité en partant de ce qu’elle n’est pas

Nathalie Heinich a construit son essai via des chapitres courts où elle explique que l’identité n’est ni de droite, ni de gauche, qu’elle ne se réduit pas à l’identité nationale, qu’elle n’est pas unidimensionnelle. Elle décoche des flèches bien senties contre ceux, héritiers de la pensée « constructriviste » ou « post moderniste » des années 70, qui estiment que l’identité nationale n’est qu’un mythe :

 

Mais ce n’est pas parce que l’identité nationale est variable et historiquement construite qu’elle est pure illusion sans aucune consistance : ni illusion, ni, à l’opposé, réalité objective, elle est une représentation mentale largement partagée, exactement comme le sont les valeurs (et la nation est d’ailleurs bien, elle-même, pour peu qu’elle fasse l’objet d’une valorisation). »

 

Au fond, au lieu de parler d’identité, on devrait parler de sentiment. Par la langue, la culture, l’histoire, des goûts communs, la France, en constante évolution (et oui, la France de papa ne reviendra jamais), existe, point. Et il est bon de le lire.

 

Identité tous azimuts

Dans cet ouvrage, Nathalie Heinich parle de tout ce que l’identité, n’est pas, tant au niveau collectif qu’au niveau individuel, en s’appuyant sur des arguments tirés de la sociologie, de l’anthropologie, de la psychologie sociale, de la psychanalyse et bien sûr de l’histoire. Ce va-et-vient constant entre l’identité d’un individu et celle d’un groupe finit par perdre un peu le lecteur. Elle livre cependant des réflexions très intéressantes sur la façon dont plusieurs niveaux d’identités peuvent se mêler chez un seul individu. A découvrir.

 

Sylvain Bonnet

Nathalie Heinich, Ce que n’est pas l’identité, Gallimard, septembre 2018, 144 pages, 14 euros

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