Le sexe contrôlé, être femme après la Révolution de Chantal Prévot
Directrice de la Bibliothèque Martial-Lapeyre de la Fondation Napoléon, Chantal Prévot est une spécialiste de la vie quotidienne sous le Premier Empire. Ici, elle a choisi de s’intéresser dans Le sexe contrôlé à la condition des femmes dans ces années qui suivirent la Révolution.
Des femmes cantonnées à la sphère domestique ?
Chantal Prévot nous offre un panorama des femmes et de leur vie sous le Premier Empire, qu’elles soient bourgeoises, aristocrates ou paysannes, en s’appuyant sur les archives existantes. Des femmes qu’on a cru confinés dans le cercle familial, infériorisées par le code civil, voulu par ce grand misogyne qu’était Napoléon. Des femmes vouées au mariage et aux grossesses, endeuillées par les décès des enfants en bas âge et sous la coupe de maris souvent infidèles et parfois violents… Quant aux prostituées, leur sort n’est guère enviable, sous la coupe de maquerelles et surveillées par la police. Bref, s’il y a une part de vrai dans ce constat, tout n’est pas si sombre et des espaces de liberté existent pour les femmes.
Une époque plus complexe
Exclues de la vie politique (de fait assez réduite durant le Premier Empire), des femmes continuent cependant de tenir des salons (ceux de madame du Deffand ou de Sophie de Lespinasse furent célèbres au XVIIIe siècle). On vient y parler, faire de l’esprit, parfois de l’humour… tout en restant dans le cadre du régime. Des femmes écrivent, comme Adélaïde de Souza. Mieux, elles peignent : David et Gérard ont de nombreuses élèves, admises à peindre des nus masculins. Soulignons que l’examen des catalogue des différents salons de peinture démontre qu’elles représentent entre 10 et 20 pour cent des exposants. Enfin, les femmes sont partout, y compris à la guerre où elles suivent leurs maris ou leurs compagnons.
A lire, tant cet ouvrage se révèle une clef pour comprendre cette époque complexe dont nous sommes toujours les héritiers.
Sylvain Bonnet
Chantal Prévot, Le sexe contrôlé, être femme après la Révolution, Passés composés, avril 2024, 300 pages, 23 euros