Oradour s’est tu, le bruit des morts

On connaît peu de ce côté du Channel Robert Pike, historien anglais spécialiste de l’histoire de la France en guerre et qui concentre ses recherches sur la Résistance en milieu rural. Oradour s’est tu s’est vendu à plus de dix mille exemplaires en Angleterre et est aujourd’hui traduit et publié par les éditions Flammarion dans leur collection « au fil de l’histoire ».

Oradour avant le massacre

Que nous apprend de plus cet ouvrage ? Robert Pike a épluché les témoignages des rescapés et toutes les sources disponibles. Il commence par retracer l’histoire de cette petite ville, encore un village en fait, plutôt prospère, relié à Limoges par le tramway. Des touristes de la grande ville viennent fréquemment à Oradour pour se détendre, se reposer en fin de semaine. La vie politique y est calme. La vie quotidienne ne change guère avec l’arrivée des réfugiés espagnols ou alsaciens. Les habitants verront leurs premiers soldats allemands en novembre 1942 avec l’invasion de la zone libre. Oradour accueille aussi des juifs, la zone est idéale pour se cacher. Et puis survient le 10 juin 1944.

Un massacre prémédité

On ne reviendra pas sur le récit très précis du massacre et de son déroulement, calqué sur ce que la Das Reich avait commis sur le front de l’est. La présence de Malgré-nous a beaucoup choqué après-guerre, aucun ne s’étant révolté (mais certains ont dissuadé les gens des alentours de venir à Oradour au moment de l’investissement de la ville). Le choix d’Oradour a en tout cas été prémédité par les SS et l’armée allemande, pour faire un exemple. Il est aussi possible (mais pas absolument certain) que des éléments de la Milice aient poussé pour choisir Oradour. La ville a en tout été détruite et les familles, souvent installées là depuis des siècles, massacrées.

Pour les survivants, rien ne pouvait être comme avant. Ils ont cherché à transmettre leur mémoire, parfois à œuvrer pour la réconciliation franco-allemande. Le dernier, Robert Hébras, est mort le 11 février 2023 : je lui dédie cette critique d’un ouvrage au demeurant excellent.

Sylvain Bonnet

Robert Pike, Oradour s’est tu, traduit de l’anglais par Julie Primon, Flammarion « Au fil de l’histoire », mai 2024, 416 pages, 22,90 euros

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