Louis X, Philippe V, Charles IV, les derniers capétiens

De l’administration des forêts aux rois maudits

Maître de conférences en histoire médiévale à l’université de Lorraine, Christelle Balouzat-Loubet consacre ses recherches sur l’espace forestier lorrain en tant que miroir de l’affirmation du pouvoir princier entre XIIIe et XIVe siècles. On lui doit également une biographie de Mahaut d’Artois (Perrin, 2015).  Elle publie chez Passés composés Louis X, Philippe V, Charles IV les derniers capétiens. Cette biographie est consacrée aux trois fils de Philippe le Bel qui régnèrent de 1314 à 1328, derniers capétiens avant l’avènement de la maison de Valois.

La légende

Les Rois maudits de Maurice Druon ont fait connaître Louis X, Philippe V et Charles IV. Victimes de la malédiction de Jacques de Molay, dernier maître des templiers, ces (jeunes) rois sont trompés par leurs femmes, meurent jeunes sans descendance masculine tandis que les menaces s’accumulent contre la France, notamment celles venant d’Angleterre et de la famille royale ennemie (et si proche par les liens du sang), les Plantagenêts. Selon Christelle Balouzat-Loubet, ces querelles ont même inspiré George R.R. Martin pour la saga du Trône de fer. Mais qui sont vraiment ces rois ?

Des règnes courts

Les sources sont finalement peu fournies les concernant. Louis X n’a régné que deux ans et a été sous l’influence de son oncle Charles de Valois (père du futur Philippe VI qui prend le pouvoir en 1328). Il doit combattre les flamands, en révolte quasi constante depuis le début du XIVe siècle, sans grande réussite. Il meurt en laissant sa deuxième femme enceinte. Elle mettra au monde un fils, Jean Ier le posthume, qui mourra au bout de quelques jours. Reste une fille de son premier mariage, Jeanne, dont la paternité est incertaine. Elle est écartée et commence à s’imposer l’idée de primogéniture masculine…

Entre alors en scène Philippe V qui a hérité du caractère et de l’autorité de leur père. Il réforme, administre le royaume mais meurt en 1322. Quant à Charles IV, il reste mal connu et peu considéré. À sa mort en 1328, les grands soutiennent le cousin Philippe de Valois, écartant le roi d’Angleterre Edouard III. C’est le triomphe de la règle de primogéniture masculine (on exhumera bientôt la règle dite de la loi salique) par haine de l’anglais.

C’est au fond ce qu’il faut retenir de ces règnes courts de souverains jeunes (seul Philippe V se distingue) bien analysés par Christelle Balouzat-Loubet.

Sylvain Bonnet

Christelle Balouzat-Loubet, Louis X, Philippe V, Charles IV, les derniers capétiens, Passés composés, septembre 2019, 208 pages, 19 eur

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