Les Nabatéens, une civilisation des carrefours
Un spécialiste du Proche-Orient antique
Auteur d’une biographie de la dernière reine d’Egypte, Cléopâtre la déesse-reine (Payot, 2014), Christian-Georges Schwentzel est professeur à l’université de Lorraine. Au fil de sa carrière, il s’est déjà intéressé aux Arabes Nabatéens dans Juifs et Nabatéens, les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique (Presses universitaires de Rennes, 2013) et leur consacre ici une synthèse rare dans l’historiographie française.
Des acteurs essentiels

Avant de fonder Pétra, magnifique site de Jordanie visité chaque année par des dizaines de milliers de touristes, les Nabatéens, quelques milliers de personnes tout au plus, ont commencé dans le nord de la péninsule arabique dans le commerce d’épices, d’ivoires, de myrrhe et d’encens. Les voici caravaniers, profitant des routes commerciales traversant les empires séleucides et parthes jusqu’au port de Gaza, alors florissant. Les Nabatéens fondent leur royaume lorsque l’espace dominé par les Séleucides se fragmente, sans toutefois que cela déclenche une guerre comme en Judée. Lorsque Rome arrive, les choses changent, bien évidemment.
Un royaume-client comme un autre ?
Le conflit entre Antoine et Octave ne change au fond rien à la situation des Nabatéens, état désormais client de la puissance romaine, tout comme le royaume juif d’Hérode. On suit ici les sources littéraires, principalement les Antiquités juives de Flavius Josèphe, vérifiés et corrigés par des recherches sur le terrain. Les Nabatéens sont parfois impliqués dans les turbulences de leur voisin juif, sans compter les querelles dynastiques (mais il est très difficile de conclure des mariages entre les deux familles régnantes, pour d’évidents problèmes religieux). Trajan finit par annexer le royaume nabatéen au début du IIe siècle, le système des états clients ayant fait son temps et Rome trouve plus d’avantages à une administration directe. Des Nabatéens reste l’ombre de Pétra, une architecture influencée par l’art hellénistique mais suffisamment originale en soi.
Synthèse très claire et excellente au demeurant
Sylvain Bonnet
Christian-Georges Schwentzel, Les Nabatéens IVe avant J.-C, IIe siècle, Tallandier, septembre 2025, 384 pages, 27,90 euros
