10 août 1792 : la défaite de la monarchie et la fin d’un monde
Normalien et docteur en histoire, Clément Weiss publie 10 août 1792 : la défaite de la monarchie, étude sur le jour de la prise du palais des Tuileries par la foule révolutionnaire. Un point de vue intéressant sur un évènement finalement méconnu.
Une réécriture de l’histoire
Weiss commence par analyser l’identité des défenseurs du Palais. A côté des Suisses (qui sont d’ailleurs massacrés), il y a effectivement des nobles venus défendre leur souverain (qu’ils n’avaient guère ménagé les années précédentes) mais peu meurent. Par contre, beaucoup ont écrit leurs mémoires, après la Restauration, souvent pour toucher une pension ou recevoir des honneurs du nouveau monarque. En fait, ces nobles ont réécrit l’histoire à leur avantage, renouant avec l’imagerie des défaites glorieuses de la chevalerie dont ils se disent les descendants : Crécy, Azincourt ou encore Pavie qui voit la capture de François Ier.
La défaite finale de la Noblesse ?
Il y a effectivement de ça le 10 août. La noblesse n’a au fond pas fait grand-chose, surtout quand on pense au nombre de nobles présents à Paris à l’été 1792. Certains ont certainement senti qu’avec cet assaut contre le palais royal se jouait le sort d’une monarchie à laquelle cet ordre était intimement lié. Mais la plupart se sont éclipsés pendant la bataille, même s’il est vrai que certains ont protégé le trajet du roi vers l’assemblée. Pour autant, la défaite en tant qu’ordre était acté depuis le 4 août 1789 et la fin des privilèges, voire depuis les coups de boutoir donnés à l’assemblée des notables de 1787. Et les nobles connaîtront de belles heures encore au XIXe siècle en investissant la diplomatie et l’armée. Mais Clément Weiss a raison sur un point : le 10 août 1792 meurt un imaginaire collectif.
10 août 1792 : la défaite de la monarchie est un très bon essai.
Sylvain Bonnet
Clément Weiss, 10 août 1792 : la défaite de la monarchie, Passés composés, octobre 2023, 304 pages, 22 euros