La Disparition de Josef Mengele

Voici en image la fiction historique inspirée du livre d’Olivier Guez, Prix Renaudot en 2017. La Disparition de Josef Mengele n’est autre que l’évasion d’Allemagne d’un des plus grands bourreaux d’Auschwitz. L’auteur l’a souhaité comme le documentaire original qui comprend des parties romancées mais qui, à la vue des recherches faites par Olivier Guez, restent très proche de la réalité. Cela rend d’autant plus éprouvant ce récit, jusqu’à vous glacer le sang.

Sans peur et sans reproche

Ici, en Argentine, vous n’avez rien à craindre. C’est une terre de fuyards où le passé n’existe pas. Les argentins se foutent des chamailleries européennes et en veulent toujours aux juifs d’avoir crucifié le Christ. 

Comme de nombreux dignitaires SS, aidés par un autre dictateur, Josef Mengele se retrouve en Argentine. Issu d’une grande famille d’industriels allemands et ayant une haute idée de sa grandeur, il se retrouve malgré tout isolé et sans grands moyens au début de sa fuite. 
Rapidement, il rencontre de hauts dignitaires SS mais aussi des partisans fiers d’accueillir dans leur pays ceux qu’ils estiment être de grandes personnalités . 
Ces rencontres permettent à Josef Mengele de changer d’identité, de se reconvertir professionnellement et de vivre somptueusement, grâce aux subsides de sa famille. 
Mais tout ne peut se limiter à cette fuite qui paraît paradisiaque. Sa femme le quitte, sa famille le boude et il est désormais recherché comme criminel de guerre. Il doit fuir, se cacher et peu à peu tombe en déshérence affective. Il ne connaîtra plus de répit. 


L’ange de la mort est déchu


Ce roman graphique est magistral. 
Et ce pour plusieurs raisons. D’une part, adapter un livre paraît une facilité qui ne l’est certainement pas. Et même si nous voyons de très nombreuses adaptations en bd depuis ces dernières années, elles ne sont pas toujours réussies. D’autres part, s’attaquer à un monstre pourrait laisser imaginer lui rendre une certaine humanité pour un individu qui n’en avait pas, bien au contraire il jouait avec et n’en avait aucun intérêt à part le sien. C’était donc risqué d’intéresser le lecteur et ainsi rendre une certaine gloire a l’immonde.
Il faut donc remercier les auteurs et Jorg Maillet d’avoir fait découvrir par le dessin, ceux qui peut-être n’avaient jamais entendu parler de cet homme, les plus jeunes ou ceux qui avaient besoin de se rafraîchir la mémoire et ainsi remettre sur le devant de la scène graphique ces dramatiques événements. 
Le scénario nous captive dès les premières pages et nous immerge au coeur d’un monde corrompu rempli d’anciens nazis, d’agents du Mossad, de femmes cupides…


Le dessinateur a choisi délibérément un style très relevé et souligné d’encre de chine avec des volutes comme élément récurrent. On les retrouve avec l’eau, provenant de cigarettes, de nuages, de poussières, comme autant d’ombres qui planent au-dessus de leur tête. Un lien évident avec les horreurs d’Auschwitz. 
La mise en couleur est magnifiquement réalisée avec beaucoup de nuances sur des tons sépia. Quelques pleines pages parsèment l’ouvrage et sont d’une pure beauté de couleur ou de composition et chaque fois pour symboliser le drame,  l’inquiétude ou la délivrance.  

Xavier de la Verrie

Matz (scénariste), Jörg Mailliet (dessin), La Disparition de Josef Mengele, d’après le livre d’Olivier Guez, Les Arenes BD, octobre 2022, 192 pages, 24,90 euros

Sur le même sujet, on lira notamment le roman de Jérémy Wulc, Les Loups-garous d’Argentine ou celui de Raphaël Grangier, Les Carnets secrets de l’ange de la mort.

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