Dix faces cachées du communisme, derrière le miroir de l’utopie

On connaît François Kersaudy, spécialiste de la seconde guerre mondiale, comme l’auteur de biographies comparées : de Gaulle et Churchill (Perrin, 2002) ou de Gaulle et Roosevelt (Perrin, 2004), aussi savoureux l’un que l’autre même si j’avoue une nette préférence pour le premier tant les deux (grands) hommes étaient de la même étoffe. Kersaudy a aussi écrit une biographie plus « traditionnelle » de Churchill pour Tallandier en 2000 et une autre consacrée à Lord Mountbatten pour Payot en 2006. Il livre ici un essai consacré au communisme et à ses dix (c’est tout ?) faces cachées.

Un essai coup de poing

On comprend dès les premières pages que Kersaudy a décidé de frapper fort en exhumant, dans la lignée du Livre noir du communisme de Stéphane Courtois, les crimes de l’utopie la plus meurtrière quantitativement du vingtième siècle. Et il faut dire que certains chapitres sont impitoyables (et exacts) : ainsi de l’or espagnol (510 tonnes !), subtilisé par Staline durant la fameuse guerre d’Espagne pour garantir des livraisons d’armes… au compte-gouttes. Citons aussi celui consacré à l’icône « che » Guevara auquel notre historien taille un costard : imbu de lui-même et à l’hygiène peu ragoutante (il détestait se laver), Guevara avait du goût pour les exécutions et en signa un (très) grand nombre pour des motifs… très légers. On regrette par contre les raccourcis de l’auteur dans le chapitre « Quand les rouges broyaient du noir » : ici, Kersaudy vitupère l’antisémitisme (réel) de Staline puis attaque l’islamo-gauchisme ou d’autres choses plutôt actuelles. L’historien devient alors polémiste. Pourquoi pas ? Mais c’est regrettable car cela nuit à l’ensemble du propos.

De Poutine et de Kennedy

François Kersaudy ne manque pas de lucidité. Et il l’utilise pour dresser un portrait au scalpel de Vladimir Poutine, pur produit de l’URSS et du KGB, responsable d’une guerre qui déstabilise l’Europe qui n’en avait vraiment pas besoin. Petit mafieux, espion raté, Poutine réussit pourtant grâce à ses talents développés au KGB à s’imposer dans ce pays. Le voici devenu un danger pour la planète. A contrario, Kennedy, ce grand érotomane rejeton d’un ami des mafieux, est décrit avec justesse (ô complexité de l’homme) comme un dirigeant qui sut garder son sang-froid face à l’aventurisme de Nikita Khrouchtchev (dont les mémoires fuitèrent par la suite en Occident après sa chute) qui emmena l’humanité au bord de l’Armageddon nucléaire. Vices et vertus peuvent donc cohabiter, n’en déplaise aux puritains et puritaines d’aujourd’hui.

Un essai roboratif.

Sylvain Bonnet

François Kersaudy, Dix faces cachées du communisme, Perrin, août 2023, 432 pages, 22 euros

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