Les guerriers dans la rizière, à la découverte des samouraïs

Un historien français du Japon

 L’université française compte peu d’historiens du Japon… Pierre-François Souyri a été directeur de la maison franco-japonaise de Tokyo et est l’auteur de différents ouvrages sur l’histoire du Japon : citons Kamikazes (coécrit avec Constance Sereni, Flammarion, 2015) Moderne sans être occidental (Gallimard, 2016) ainsi qu’une Histoire du Japon médiéval (Perrin, 2010). Ici, il pour la troisième fois sur les samouraïs, avec Les Guerriers dans la rizière, entre histoire, légendes et idéologie.

 

 

Derrière le mythe

En Occident, on a souvent comparé les samouraïs à la noblesse et à la chevalerie médiévale. On les a souvent vus comme des hommes obsédés par leur honneur et par le respect du Bushido. Pierre François Souyri nous fait découvrir une classe particulière, qui n’a pu soutenir qu’à un moment où la cour impériale de Kyoto perd de l’importance et où des seigneurs de la guerre s’emparent de l’autorité publique, jusqu’à l’instauration du shogunat. Il y avait des samouraïs pauvres et riches, loin d’être une fidélité envers leur seigneur. Surtout, ils jalousaient au début les membres de la cour impériale, leurs usages inspirés de la Chine, la cérémonie du thé.

S’ils furent de redoutables guerriers et contribuèrent à repousser l’invasion mongole, ils se muèrent plus tard en administrateurs et on les retrouve au début de l’ère Meïji, quand il s’agit de moderniser le Japon et de lui faire rattraper son retard technologique sur l’Occident.

 

Photo rare d’un Samouraï au XIXe siècle © UNIVERSAL HISTORY ARCHIVE/UIG/GETTY IMAGES

 

 

Une construction idéologique

On est donc loin du mythe du samouraï, tel qu’il s’est développé durant la première moitié du XXe siècle grâce à la propagande nationaliste. C’est là tout l’intérêt du dernier chapitre de l’ouvrage où Souyri démontre et analyse comment le mythe est né, servant les intérêts des militaires voulant que les soldats obéissent aveuglément à l’Empereur (et à eux-mêmes).

Il faut lire Les Guerriers dans la rizière, qui est aussi une formidable invitation à découvrir la culture japonaise.

 

Sylvain Bonnet

 

Pierre-François Souyri, Les Guerriers dans la rizière, Flammarion, « au fil de l’histoire », octobre 2017, 380 pages, 23,90 euros

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