Elizabeth Taylor, la belle imprudente

J’ai dû écrire dans une précédente chronique qu’un livre qui me cite dans sa bibliographie ne peut être mauvais. Eh oui, jeunes gens, en 1986 je commis ce qui, je crois, fut la première biographie écrite par un Français sur Elizabeth Taylor. Un bel album « richement illustré » mais contenant sûrement un nombre incroyable de bévues et d’approximations. Je ne sais plus dans quelles circonstances est né cet ouvrage mais je sais n’avoir jamais été un fan assidu de Liz. Néanmoins elle fut une star et une sacrée personnalité, cela reste indéniable.

Donc Christian Limouzy qui — quelques décennies plus tard — se penche sur la belle Taylor m’a lu. Grand bien lui fasse. Et, à mon tour, je l’ai lu. Juste retour des choses.

Il n’a pas dû lire que moi car son livre grouille d’informations. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est complet, ou presque. Pas un détail ne manque. Ni sur les nombreuses hospitalisations de l’actrice (elle semble avoir passé plus de temps dans les chambres d’hôpitaux que sur les plateaux de tournage) ni sur le détail de ses tenues vestimentaires à chaque apparition (ce qui, à la longue, devient un peu lassant). Ni, bien sûr, sur ses amours tumultueuses. À ce sujet, puisqu’il y a doute sur ses relations avec George Hamilton, je signale que ce dernier affirme dans ses Mémoires qu’elles restèrent platoniques et amicales… 

Tout, donc.

Y compris ses films qui, quand même, l’aidèrent à devenir célèbre. Je ne sais pas si vous seriez capable de citer au débotté cinq productions avec Elizabeth Taylor. Surtout si l’on excepte Cléopâtre, Géant et Qui a peur de Virginia Woolf ? Pourtant elle eut une carrière très variée avec, à la clef, des films d’aventure (Ivanhoé) et des comédies (La Famille Pierrafeu). Mais c’est surtout dans les drames et mélodrames que l’on se souviendra d’elles, dont les adaptations de Tennessee Williams et de ses clones. 

Elizabeth Taylor et Richard Burton, le couple iconique cinéma américain

Toutefois la Taylor c’est autre chose. Elle ne peut se résumer à ses prestations cinématographiques ou théâtrales. Plus qu’une comédienne. Plus même qu’une star. Par son comportement (toujours en retard), ses frasques (briseuse de ménages, dit-on), ses exubérances (ses diamants plus gros les uns que les autres) et ses mariages avec Richard Burton, elle ne cessa de faire parler d’elle. Chacune de ses sorties était prétexte à une ruée de photographes. Un événement à elle seule.

Mais Elizabeth sut en jouer. À des fins commerciales (sa ligne de parfum puis de bijoux) et humanitaires (son inlassable combat contre le Sida). 

Pour toutes ces raisons, elle constitue un cas résolument à part dans l’histoire hollywoodienne. La seule à acquérir une telle notoriété, la seule à avoir autant d’impact, la seule à pouvoir se comporter comme une reine sans voir sa carrière défaillir. Même Marilyn Monroe jouait sur un autre registre. 

Et si Elizabeth est parvenue à un tel résultat c’est parce qu’elle débuta très tôt dans le métier et en comprit vite les rouages. Sa beauté cachait sa personnalité, ses yeux violets masquaient sa détermination.

Richard Burton et Elizabeth Taylor, à la ville comme à la scène… ici dans Qui a peur de Virginia Woolf ? dans le film de Mike Nichols (1966)

Tout son parcours, toutes ses réussites, tous ses écueils sont donc réunis dans cette biographie que l’on pourrait qualifier de factuelle (ce qui n’est pas un reproche). Il ne manque pas un bouton de guêtre ou, plus exactement, pas une bague. Dans la dernière partie, par exemple, Limouzy n’omet pas une date, rapporte chaque fait et geste. Au risque de donner le vertige (oui, on a bien compris que le « traditionnel dîner de l’AMFAR » a lieu au Moulin de Mougins !).

La partie strictement biographique est suivie par une filmographie détaillée et commentée ainsi que par quelques « focus » originaux. 

Si les informations sont toutes là et bien là, les fautes — que, par courtoisie, je considère de « frappe » — entachent parfois la lecture. Thalberg se prénommait Irving et non Ervin ; Beau Bridges a doit à un s à la fin de son nom ; idem pour Louella Parsons ; et Vincente Minnelli s’est toujours senti mieux avec deux n et deux l. Entre autres…

Philippe Durant

Christian Limouzy, Elizabeth Taylor, la belle imprudente, Deuxième époque, février 2019, 303 pages, 20 eur

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